J USQU'A ces dernières années, on estimait que les virus influenza aviaires ne pouvaient être directement responsables d'une épidémie chez l'homme. Il est vrai que sur les trois grandes épidémies de grippe du XXe siècle, en 1918, 1957 et 1968, les deux dernières au moins sont liées au franchissement de la barrière d'espèce par un virus aviaire. Mais le phénomène épidémique chez l'homme n'a pu se développer qu'à la défaveur d'une recombinaison du virus aviaire avec un virus humain, donnant à l'agent résultant une capacité de propagation interindividuelle.
C'est en 1997, à Hong Kong, qu'à été observée la première épidémie humaine directement liée à un virus aviaire. Il s'agissait en l'occurrence de la souche H5N1, très pathogène chez le poulet, et qui avait abondamment circulé dans les élevages du territoire. Entre mai et décembre 1997, 18 personnes infectées par ce virus ont du être hospitalisées et six sont décédées. La démonstration était faite qu'un virus aviaire pouvait contaminer un nombre relativement important d'individus. Les mesures rigoureuses prises très rapidement par les autorités ont empêché un plus grand nombre de contaminations et, surtout, la recombinaison avec un virus humain, qui aurait pu aboutir à un agent transmissible d'homme à homme et à une épidémie d'une tout autre ampleur. Il reste que l'épisode a rappelé le risque constant que représente le réservoir aviaire. Comme le soulignaient les éditoriaux de l'époque : la question n'est pas de savoir si une épidémie majeure surviendra, mais quand elle surviendra.
Le virus H5N3 voisin de la souche H5N1
Dès la fin de 1997, le « National Institute for Biological Standards » britannique s'est préoccupé d'un vaccin contre la souche H5N1. Les recherches ont initialement porté sur le virus H5N3, très voisin de la souche H5N1 au plan antigénique, mais non pathogène pour l'homme et pour les oiseaux. Diverses préparations ont été testées, ainsi que plusieurs adjuvants. L'un d'eux, notamment, dit MF59, s'est montré capable de réponse aux antigènes de surface du virus.
Cet adjuvant vient d'être évalué par une équipe britannique chez 65 volontaires, principalement des infirmières. Des vaccins dosés à 7,5, 15 ou 30 microgrammes d'hémagglutinine et comportant ou non l'adjuvant, ont été préparés à partir de virus H5N3 (Chiron Vaccines, Sienne, Italie). Trente-deux participants ont recu un vaccin avec adjuvant et 33 un vaccin sans adjuvant, à raison de deux injections I.M. réalisées à trois semaines d'intervalle, avec l'un des trois dosages.
Les analyses, effectuées trois semaines après la seconde injection, montrent que le vaccin est bien toléré, mais que la réponse aux préparations dépourvues d'adjuvant est insuffisante. La meilleure réponse est obtenue avec la dose de 30 microg. Mais elle ne concerne qu'une minorité de cas. Sur onze personnes, une personne est considérée comme ayant séroconverti sur le critère de l'inhibition de l'hémagglutinine H5N3, quatre personnes ont séroconverti selon le critère de la microneutralisation du virus H5N1, quatre personnes ont séroconverti selon le critère de l'hémolyse d'érythrocytes infectés par la souche H5N3 ; enfin, une personne a séroconverti selon le critère d'hémolyse d'érythrocytes infectés par la souche H5N1.
Avec la préparation comportant un adjuvant, la meilleure réponse est obtenue avec la plus faible dose (7,5 microg). Et elle concerne respectivement six personnes sur dix, huit personnes, dix personnes et neuf personnes.
Dans leurs commentaires, les auteurs soulignent que les pistes sont nombreuses pour un vaccin anti-influenza du virus entier inactivé au vaccin à ADN. Plusieurs adjuvants sont par ailleurs possibles pour renforcer la réponse à un virus entier comme à des antigènes de surface. Mais il est au moins montré que la piste des antigènes de surface est inefficace en l'absence d'adjuvant et qu'à l'inverse un adjuvant tel que MF59 pourrait éviter d'avoir recours à des virus entiers, en principe plus immunogène, mais aussi susceptibles de plus d'effets secondaires.
K. G. Nicholson et coll. « Lancet » 2001.
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