« Je suis fier d’avoir eu mon tout premier cas de H1NI, la semaine dernière, identifié comme tel après prélèvement », sourit le Dr Marcel Ruetsch. Pour autant, ce généraliste du Haut-Rhin, membre du réseau des GROG, qui exerce dans un village de quelque mille habitants, n’apparaît pas trop inquiet quant à une contamination massive de l’ensemble de sa patientèle, même s’il constate « qu’en effet, des cas commencent à se manifester». Mais, d’une part, les patients n’ont pas de problème pour se procurer des masques, et d’autre part, les consignes pour limiter la transmission du virus sont suivies sans difficulté par la population.
Reste un autre volet, logistique celui-ci, qui irrite le praticien alsacien. « Aujourd’hui encore, on nous oblige à aller retirer nos kits de protection nomade à la gendarmerie». Ouverte cinq jours sur sept de huit heures à midi et de quatorze à dix-huit. Pas des tranches horaires nécessairement idéales pour un professionnel de santé installé en libéral. Et ce d’autant moins que le Haut-Rhin, ne compte que cinq postes de gendarmerie… Le Dr Ruetsch plaide, comme nombre de ses confrères, pour une mise à disposition directe de ces kits dans les officines, « comme ce qui se fait dans d’autres départements », rappelle-t-il. Le message semble dernièrement avoir été entendu lors des dernières réunions organisées par la Ddass…
Cette absence d’écoute et de considération pour les généralistes de terrain est d’ailleurs l’un des griefs récurrents formulés par les confrères que nous avons interrogés sur la stratégie anti-grippe A, concoctée par les pouvoirs publics. Premier exemple savoyard : « pour la distribution de masque, j’ai été averti par le mail d’un confrère le 25 août, pour une distribution entre le 24 et le 28, de 10H à 15H. Mon associé était en vacances !!! (…) Quant à l’interne en stage au cabinet, « elle est atterrée par le manque d’informations concernant l’épidémie. Elle nous sollicite pour connaître les dernières informations sur les traitements, les vaccins, et malheureusement, les seules nouvelles sont celles des médias, rien de la part des différentes autorités ». Bref, « les responsables de tout niveau multiplient les réunions pour des plans en béton, et nous on se débrouille tout seul pour récupérer les masques, trouver des informations, rassurer les patients », diagnostique ainsi le Dr Michel Jambon.
Rejoint en cela par le co-président d’Union généraliste, le Dr Claude Bronner, qui assistait, en fin de semaine dernière, à une réunion des autorités sanitaires départementales. « Il y a de bonnes choses dans le plan, mais à placer les généralistes en première ligne, comme ils disent, autant écouter aussi ce qu’ils ont à dire lorsqu’ils indiquent certaines carences ». Dans le collimateur du Dr Bronner, l’absence de prise en compte des stratégies de vaccination possibles au domicile des personnes isolées que les généralistes vont consulter en visite. « Alors qu’on a pensé à mettre en place des équipes de vaccinations mobiles dans les écoles », souligne le praticien.
En Champagne-Ardenne, en revanche, l’organisation semble fonctionner de manière optimale. Comme en témoigne le Dr Luc Chouchkaieff, médecin inspecteur régional de santé publique, actuellement en pleine activité cartographique destinée à planifier les implantations des futurs centres de vaccination. « En fait, depuis la fin du mois de juin, nous avons organisé des réunions spécifiques entre les élus et les professionnels de santé. Au plus fort de la couverture médiatique d’une possible pandémie, nous avons enregistré un taux de présence de presque 60% ». Réunion au cours desquelles certains généralistes reconnaissaient se sentir démunis face aux questions de leurs patients. Difficile en effet, au bout d’un moment, de faire le tri dans l’avalanche d’informations délivrées quotidiennement sur le sujet. « Ce que nous avons fait, c’est de nous appuyer sur les messageries électroniques des professionnels de santé, pour leur relayer les informations sur la conduite à tenir, validées par le ministère de la Santé ». A l’arrivée, le message reste simple : le traitement de la grippe n’a, en définitive, pas changé.
Reste cependant la question de la planification nationale logistique de la campagne de vaccination. Chaque département doit en effet pouvoir présenter un minimum de trois sites, spécialement créés pour l’occasion : gymnases ou salles polyvalentes. En outre, un centre de vaccinations, même de masse ne doit pas couvrir plus de 100 000 habitants. Quant à l’équipe-type de vaccination, qui ne pourra fonctionner qu’en présence continue d’un médecin et d’un infirmier, elle devra s’auto-vacciner dès sa première vacation. Les internes en médecine ayant validé leur deuxième cycle, les médecins remplaçants et retraités sont appelés en renfort. Ainsi que les étudiants en médecine ayant validé leur deuxième année de deuxième cycle, qui seront toutefois placés sous la responsabilité d’un professionnel de plein exercice. Pour l’heure, l’ensemble des préfets planchent sur leur cartographie. Date de remise des copies au ministère de l’Intérieur et de la Santé : le 10 septembre. Logique puisque l’objectif des pouvoirs publics est d’être en mesure d’activer ce dispositif début octobre. 94 millions de doses de vaccin doivent être livrées de manière échelonnée tout au long de l’automne et du début de l’hiver.
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