Le Français est frondeur, voire rebelle ; on le sait. Mais à ce point, c’est tout de même une surprise. On l’a dit ici même, le 11 septembre dernier, en matière de pandémie grippale, on se doit d’envisager des scénarios improbables. Peu envisageable, en effet, était il y a quelques semaines cette opposition croissante à la vaccination. Aujourd’hui, même les médecins commencent à douter. Faut-il vraiment prendre le risque d’un vaccin nouveau, même si les procédures sont bien rodées, face à ce que d’aucuns ont affublé du nom de « grippette ».
Tout semblait pourtant bien huilé. Mais la machine s’est grippée aux yeux du grand public. Incertitude sur la date de livraison des vaccins. Une ou deux doses ? Adjuvant ou non ? Et plus grave : que recommander aux femmes enceintes ? Dernier avatar : l’accusation à peine voilée d’une collusion entre les autorités de santé et l’industrie pharmaceutique. A toutes ces hésitations et questions une réponse rationnelle peut être formulée et le débat tenu. Et pourtant ! Drôle d’ambiance. Le doute s’immisce « Vous voyez ce n’est pas clair » entend-on au Café du commerce. Un autre argument va bientôt poindre, celui de la productivité dans les entreprises, le vaccin ne serait-il pas à la solde des patrons ? La théorie du complot est à l’œuvre et internet avec la diffusion d’informations fausses, non contrôlées et malveillantes sème le doute dans les esprits.
Voilà un bel exemple de réflexion sur la responsabilité individuelle et l’intérêt collectif. Chaque vacciné se protège lui-même et aussi participe au contrôle de la diffusion du virus. Nul doute qu’aujourd’hui, il serait illusoire de vouloir éradiquer la variole ou stopper dans nos contrées la poliomyélite. Bel exemple aussi à méditer pour les Pouvoirs Publics en terme de communication. Manifestement, ces derniers se sont laissés déborder. La communication descendante ne suffit pas. L’organisation de réunions avec les différents acteurs (les médecins généralistes en particulier) aurait permis une réelle appropriation de la logique de la vaccination. Enfin suivre et anticiper les informations sur internet, pour mieux comprendre les arguments, peur ou crainte de chacun est indispensable pour débattre à armes égales. Bel exemple donc de communication en Santé publique en ce début de millénaire. A méditer dès aujourd’hui et pour demain.
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