Après le mouvement de grève des cliniques privées, c'est un autre conflit fort délicat en médecine libérale que le gouvernement risque de devoir gérer dans les jours qui viennent.
Dans un communiqué commun, l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF) et le Syndicat des médecins libéraux (SML), majoritaires chez les généralistes, appellent en effet « chacun des médecins de famille » à se préparer à participer à la grève totale et illimitée des gardes de nuit (de 20 heures à 8 heures), à compter du jeudi 15 novembre. Dans la plupart des cas, le répondeur des médecins grévistes dirigera les patients vers les centres 15.
Ce préavis de grève illimité des gardes de nuit avait été déposé à la mi-octobre par le Dr Michel Chassang, président de l'UNOF, pour protester contre le niveau, jugé indigne, des honoraires généralistes (« le Quotidien » du 10 octobre).
A l'issue de sa dernière assemblée générale consacrée notamment à la question des gardes, le SML a décidé de s'associer à cette initiative spectaculaire afin de « coordonner » les actions syndicales. « Trop, c'est trop ! s'exclame le Dr Dinorino Cabrera, président du SML. Ce gouvernement, on l'a encore vu avec les cliniques, négocie uniquement en cas de crise. Nous n'avons donc pas d'autre choix que le conflit. Depuis des mois, le gouvernement est aux abonnés absents, mais dès qu'une action dure éclate, il appelle les pompiers. C'est une erreur monumentale. Quant à l'appel permanent à la déontologie médicale des médecins, franchement, c'est un peu agaçant. »
Choix politique
D'ici au 15 novembre, l'UNOF et le SML « se tiennent prêts » à discuter avec le gouvernement. Sur quelle base ? Les deux syndicats exigent la « revalorisation immédiate » de la consultation généraliste à hauteur de 20 euros (soit 131,19 F, au lieu de 115 F, tarif en vigueur depuis 1998) et de la visite à hauteur de 30 euros (196,79 F, au lieu de 135 F dans la plupart des villes depuis 1994). Selon certaines estimations, la revalorisation du C à hauteur de 20 euros coûterait environ 2,5 milliards de francs par an. L'UNOF et le SML estiment à cet égard que le taux d'évolution des dépenses de soins de ville fixé par le gouvernement à 3 % pour 2002 (contre 4,8 % pour l'hôpital public) traduit un « choix politique clair », à savoir le refus de valoriser les honoraires des médecins libéraux. Le gouvernement a décidé de « favoriser le secteur public au détriment du secteur ambulatoire », ajoutent les deux syndicats.
Si le mot d'ordre de l'UNOF et du SML était massivement suivi, la prise en charge de la permanence des soins serait surtout perturbée dans les zones rurales, où le généraliste de garde est très souvent le seul recours immédiat pendant la nuit pour les patients. Dans la plupart des grandes villes, en revanche, les hôpitaux et les associations d'urgentistes libéraux, telles que SOS-Médecins (qui a décidé pour l'instant de ne pas participer à ce mouvement de grève des gardes de nuit), devraient limiter la désorganisation.
Le Dr Michel Chassang, président de l'UNOF, qui a écrit dès octobre au Premier ministre, à Elisabeth Guigou et à Bernard Kouchner n'a eu pour l'instant « aucun contact ni signe officiel ».
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