ZENON
Nous n'y pensions plus, les candidats pas encore, mais la presse a la mémoire longue : jusqu'à présent, les candidats à la présidentielle, à commencer par les deux challengers, n'ont pas publié leur bulletin de santé (rappelle « Libération » du 13/2). A mon avis, ils ont bien fait ! Personne ne le leur ayant demandé jusqu'à présent, pourquoi faudrait-il se réveiller aujourd'hui ? Certes, François Mitterrand avait pris l'usage de la publication semestrielle de son bilan de santé, mais il semble après coup que c'était un tantinet biaisé. Et son médecin personnel en a subi le contrecoup. Alors, quand Jacques Chirac estime que cela participe de la « sphère privée », on ne saurait l'en blâmer.
L'autre soir à la télévision, devant Poivre d'Arvor, d'aucuns ont trouvé au chef de l'Etat la voix « un peu fatiguée ». Qu'en sera-t-il à la fin de sa campagne de proximité ? Et le spécialiste médical de « Libération » de téléphoner à trois chefs de service d'ORL pour leur demander leur avis... Ne serait-ce pas un peu solliciter la rumeur sous couvert de la museler, ça ?
A la rentrée 2000, le même président avait été trouvé un peu empâté en croûte, et les malins d'évoquer la cortisone qui avait marqué Georges Pompidou. Là, le procédé est carrément voyou. Si, justement, Pompidou et Mitterrand ont entretenu le doute jusqu'au bout de leur vie, cela ressortit à leur histoire intime, sinon nous voilà replongée dans l'atmosphère des médecins du théâtre de Molière. Demande-t-on des preuves de sa résurrection à Chevènement ? Bayrou a-t-il la santé pour monter à cheval, voire pour prendre l'autocar ? Jospin se met-il du fond de teint rose sur sa peau jaunâtre, et Jean-Marie Le Pen abuse-t-il de la poudre de Bogomoletz ?
Veut-on des face-à-face télévisés de ce style :
« - Mon cher concurrent, je trouve que vous avez une petite mine, ce soir, face aux Français pleins de santé.
- Monsieur, vous devriez consulter plus souvent, croyez-en l'avis de mon médecin. Vous êtes blafard, défait - excusez-moi - avant même le premier tour. Vous vous surmenez, sûrement... »
Les vrais grands malades doivent être les directeurs des instituts des sondages. Quant aux électeurs, ils se portent le mieux du monde, merci pour eux !
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