C'est un bras de fer que les médecins généralistes ont décidé d'engager avec le gouvernement. En grève illimitée des gardes de nuit depuis douze jours à l'appel de leur principal syndicat, l'UNOF, et du Syndicat des médecins libéraux, avec le soutien de la Fédération des médecins de France, ils se disent aujourd'hui « écurés » par le mépris du gouvernement pour leurs revendications.
Malgré une forte mobilisation - environ 80 % des généralistes suivraient en moyenne le mouvement et une trentaine de départements procèdent actuellement à des réquisitions - les pouvoirs publics n'ont toujours pas ouvert de négociations, renvoyant la responsabilité des accords tarifaires à la Caisse nationale d'assurance-maladie. « Alors que le préavis de grève a été déposé voici plus de quarante jours, le gouvernement n'a même pas daigné recevoir les syndicats majoritaires chez les médecins généralistes. Ce n'est pas acceptable », s'insurgent les deux syndicats à l'origine de la grève qui demande une revalorisation de la consultation à 20 euros (131,19 F) et de la visite à 30 euros (196,78 F). Ils ont donc déposé lundi un préavis de garde des week-ends et des jours fériés à partir du 7 décembre et envisagent déjà d'autres étapes y compris la grève des visites de jour. « On s'est donné un peu de temps pour laisser au gouvernement la possibilité de réagir et bien montrer à l'opinion publique que c'est lui qui refuse le dialogue », commente le Dr Dinorino Cabrera, président du SML.
Décision jeudi de SOS-Médecins
La décision des généralistes libéraux préoccupe les responsables des centres 15, qui redoutent d'être débordés malgré les réquisitions.
Déjà certains départements, très mobilisés, auraient anticipé les consignes syndicales comme en Eure-et-Loir, et pris des positions plus dures allant parfois jusqu'à refuser les réquisitions. Ainsi, dans le Rhône, les médecins refusent de s'y soumettre, les jugeant abusives dans la mesure où chaque médecin se voit attribuer une zone de couverture regroupant de 9 à 16 communes. La présidente du syndicat départemental a donc informé le préfet que les médecins n'assureraient dans ce cadre que les urgences au cabinet.
Dans la Manche, le syndicat local a décidé depuis lundi, une grève des télétransmissions et fait circuler une pétition auprès des patients. Par ailleurs, une démission collective de tous les médecins sapeurs-pompiers est envisagée. Plusieurs syndicats départementaux pensent à faire une grève des télétransmissions des feuilles de soins.
Mais c'est surtout la décision de SOS-Médecins de se joindre ou non à ce mot d'ordre qui pourrait être déterminante pour la poursuite du mouvement. Cette organisation d'urgentistes libéraux, qui regroupe 68 associations locales et est présente dans la majorité des moyennes et grandes villes, a assuré deux millions de visites en 1999. Trois associations locales à Lille, Pau, et Menton n'ont pas attendu la décision nationale qui doit être prise jeudi pour rallier le mouvement. « Nous sommes d'accord avec les revendications exprimées et il n'est toujours pas exclu que l'on s'y joigne mais sous un autre mode, explique le Dr Frédéric Bastian, président de
SOS-Médecins France. Pour l'instant, la grève des gardes de nuit n'est pas d'actualité. »
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