LE RISQUE de rejet d'un greffon rénal est le plus élevé lorsque le donneur est une femme et le receveur un homme. Cette information, publiée par l'équipe du Dr Gratwohl dans le « Lancet », tend à prouver que le chromosome Y pourrait coder pour des gènes d'histocompatibilité mineurs, mais spécifiques, qui influeraient sur le devenir du greffon. Un tel effet immunologique avait été déjà décrit dans le cadre de greffes de moelle du fait de l'expression, par les cellules hématopoïétiques, d'antigènes mineurs d'histocompatibilités portés par le chromosome Y.
L'équipe suisse a analysé de façon rétrospective 195 516 receveurs de greffons rénaux, prélevés sur des patients décédés, dans 400 centres de transplantation de 45 pays. Ils ont pris en compte des données cliniques à un et dix ans.
Un risque plus élevé de rejet.
Globalement, à ces deux échéances, les hommes qui avaient reçu des greffons prélevés chez une femme avaient un risque plus élevé de rejet que les autres patients : les femmes transplantées avec des greffons féminins ou masculins et les hommes qui ont reçu des rein prélevés sur des cadavres d'homme. Les auteurs évoquent – outre les incompatibilités HLA mineures – l'idée d'une inadéquation entre la masse de néphrons disponibles dans un rein féminin et la demande métabolique élevée chez un receveur. Ces deux notions devraient être désormais prises en compte pour optimiser le résultat des transplantions dans un contexte de pénurie de greffons.
Dans un éditorial, le Dr Davis explique que «l'impact des antigènesH-Y sur les greffes d'organes solides ne doit plus être ignoré. Même si à l'heure actuelle il n'est pas possible de définir de schéma précis établissant des règles de préférence des receveurs en fonction des greffons, des mesures doivent être prises pour limiter la transplantation des greffons issues de donneuses à des hommes».
« The Lancet » 2008 ; 372 : 10-11, 49-53.
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