Tomasz Siminiak montrait l'année dernière que l'implantation de myoblastes autologues prélevés sur un muscle squelettique dans une zone infarcie du myocarde permettait d'améliorer la fonction ventriculaire gauche.
En 2003, il est venu affirmer le maintien de cet effet bénéfique après douze mois et l'innocuité de son protocole... sans toutefois dissimuler la question lancinante de la survenue de troubles du rythme.
La série du Dr Siminiak (hôpital de Poznan, Pologne), présentée en 2002 lors du congrès de l'European Society of Cardiology était constituée de 9 hommes et 1 femme greffés au cours d'un pontage coronarien. Le greffon était implanté dans une zone qui ne devait pas être revascularisée par l'intervention. Il eut à déplorer, on s'en souvient, un décès survenu sept jours après la greffe. Décès dû, selon le résultat de l'autopsie, à l'apparition d'un second infarctus dans une zone jusqu'alors normokinétique et donc, en tout en état de cause, non lié à la greffe elle-même. Chez les neuf autres patients, il avait été observé, deux mois après l'intervention, une amélioration de la mobilité du mur ventriculaire et de la fraction d'éjection qui devait se maintenir sur la durée du suivi, soit douze mois.
Toutefois, chez les deux premiers patients, il a été noté également, au stade postopératoire précoce, l'apparition d'une tachycardie-ventriculaire qui a amené à traiter préventivement, et avec succès, tous les autres malades par l'amiodarone.
La question de la survenue de troubles du rythme au décours de la greffe avait déjà été soulevée, notamment par le Dr Paul Ménasché (hôpital Bichat, Paris) pour lequel les caractéristiques électrophysiologiques des myoblastes implantés ne peuvent s'adapter à celles de leur nouvel environnement de cardiomyocytes. En particulier, les deux types de cellules ne forment pas, entre eux, de gap junctions.
Toutefois, l'utilisation de myoblastes autologues pour la réparation d'un myocarde infarci se justifie par la facilité de leur prélèvement, leur absence de cancérogénicité et l'inutilité de l'immunosuppression. Elle permet également de court-circuiter le pénible débat éthique qui se noue autour de la question des cellules souches.
La différence de nature des deux types cellulaires est-elle la seule origine des troubles du rythme ou le pontage coronarien réalisé simultanément à la greffe est-il lui aussi en cause ? Quelle est, par ailleurs, la meilleure façon d'implanter les myoblastes dans le myocarde ?
Une vaste étude européenne de phase II en préparation devrait permettre d'avancer quelques éléments de réponse.
D'après la communication du Dr Tomasz Siminiak, hôpital de Poznan, Pologne.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature