De notre correspondante à New York
L A greffe de sang de cordon ombilical comme source de cellules souches hématopoïétiques offre plusieurs avantages. L'un d'eux, peut-être le plus important, est que son utilisation, en raison de l'immaturité de ses lymphocytes, réduit le risque de réaction du greffon contre l'hôte (RGCH). La réduction de ce risque pourrait permettre d'avoir des critères moins stricts de compatibilité HLA entre donneur et receveur.
Chez les enfants, le sang de cordon a été utilisé avec succès pour la reconstitution hématopoïétique. Le meilleur succès est obtenu lorsqu'il contient au moins 20 millions de cellules nucléées par kilogramme de poids du receveur. Ce qui soulève la question de la possibilité de cette approche chez l'adulte, en raison du faible nombre de cellules progénitrices hématopoïétiques dans une unité de sang de cordon.
Troubles hématologiques menaçant la vie
Laughlin (Case Western Reserve University, Cleveland, Ohio) et coll. décrivent, dans le « New England Journal of Medicine », les résultats remarquables de la transplantation de sang de cordon HLA-incompatible chez 68 adultes (âge moyen 31 ans, poids moyen 69 kg). Ces patients atteints de troubles hématologiques menaçant la vie ont été traités par irradiation corporelle totale ou chimiothérapie myéloablative, puis ont reçu une greffe de sang de cordon ombilical de donneur non apparenté (entre 1995 et 1999). Quarante-huit d'entre eux (71 %) ont reçu une greffe de sang de cordon incompatible pour au moins deux antigènes HLA.
Parmi les 60 patients qui ont survécu plus de vingt-huit jours après la greffe, 55 ont présenté une prise de greffe des neutrophiles après vingt-sept jours, en moyenne. Chez ces 68 patients, la probabilité de récupération des neutrophiles est donc de 90 %. A l'instar des enfants, la récupération la plus rapide survient chez ceux qui reçoivent le plus grand nombre de cellules nucléées et de cellules CD34+.
En dépit de l'incompatibilité HLA, l'incidence de la réaction greffon contre hôte est faible. Chez les patients qui ont survécu plus de vingt-huit jours, le taux de de réaction aiguë de grade III ou IV dans les cents jours après la transplantation est de 20 %. Une réaction chronique s'est développée chez 12 des 33 patients qui ont survécu plus de cents jours après la greffe. Sur les 68 patients, 19 sont en vie et 18 (26 %) sont indemnes de maladie, en moyenne vingt-deux mois après la greffe (de onze à cinquante et un mois).
Selon le Dr Elaine Gluckman (hôpital Saint-Louis, Paris), auteur d'un éditorial, « ces résultats (...) soutiennent la comparaison avec les résultats de la greffe de moelle osseuse de donneurs non apparentés ou de cellules souches de sang périphérique de donneurs haplo-identiques ».
« Le groupe Eurocord (lire ci-contre)a rapporté des résultats similaires chez 149 adultes qui ont reçu une greffe de sang du cordon de donneurs non apparentés », ajoute-t-elle. « Toutefois, la mortalité liée à la greffe à 180 jours était de 56 % chez les adultes, comparée à 32 % chez les 366 enfants enrôlés dans la même étude. »
« New England Journal of Medicine » 14 juin 2001, pp. 1815 et 1860.
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