De notre correspondante
à New York
Pour les patients devant recevoir une greffe de moelle osseuse allogénique, mais n'ayant pas de donneur HLA compatible dans la fratrie, il y a deux solutions : l'une est d'identifier un donneur non apparenté mais possédant un HLA presque compatible, l'autre est d'utiliser la moelle d'un donneur de la famille qui est partiellement compatible.
Le complexe majeur d'histocompatibilité (CMH), un groupe de gènes étroitement liés sur le chromosome 6, code pour les molécules HLA de classe I (HLA-A, -B, -C) et de classe II (DRB1, DQA1, DQB1, DPA1 et DPB1) qui, de concert avec les récepteurs cellulaires T, permettent la reconnaissance immune des antigènes étrangers. Ces molécules HLA sont aussi des alloantigènes qui peuvent déclencher une reconnaissance immune et le rejet de greffe chez des receveurs non compatibles.
Les techniques sérologiques qui détectent les « antigènes » HLA ne peuvent pas révéler actuellement tous les variants HLA moléculaires ou « allèles » HLA qui sont détectés par le séquençage de l'allèle (typage ADN). Or, des incompatibilités d'« allèles » HLA peuvent causer un rejet de greffe. On ignore quelle est la valeur du génotypage HLA pour prédire le rejet de greffe.
Petersdorf (Fred Hutchinson Cancer Research Center, Seattle) et coll. ont conduit une étude rétrospective rigoureuse afin de comparer le sérotypage HLA et le génotypage HLA dans la sélection d'un donneur de moelle osseuse non apparente.
Des incompatibilités d'allèles
« Nous avons testé la possibilité que des incompatibilités d'allèles, qui ne sont décelables qu'au niveau moléculaire, soient moins immunogéniques que celles qui sont décelables sérologiquement et, par voie de conséquence, qu'elles soient associées à un risque plus faible de rejet de greffe après transplantation de cellules hématopoïétiques », expliquent les investigateurs.
L'étude porte sur 471 patients qui ont reçu une greffe de MO d'un donneur non apparenté en traitement d'une leucémie myéloïde chronique (LMC) après conditionnement myéloablatif. Parmi les 471 paires de donneur-receveur, 280 étaient compatibles pour les 6 allèles de classe I, 49 avaient une incompatibilité pour un seul allèle de classe I, 56 avaient une seule incompatibilité pour un antigène de classe I et 86 avaient au moins 2 incompatibilités pour des allèles ou antigènes de classe I. Sur les 105 paires avec une seule incompatibilité de classe I, 86 étaient incompatibles pour un allèle de classe II. Vingt-huit patients ont eu un rejet de greffe.
Une seule incompatibilité antigénique HLA
Les investigateurs ont constaté qu'une seule incompatibilité d'allèle HLA n'augmente pas le risque de rejet de greffe, tandis qu'une seule incompatibilité antigénique HLA l'augmente significativement. Le risque est aussi accru si le receveur est HLA homozygote au locus de classe I incompatible ou si le donneur présente au moins deux incompatibilités de classe I.
« Ces observations remarquables suggèrent de nouvelles stratégies pour la sélection des donneurs de MO, lesquelles pourraient améliorer les chances de prise de greffe en catégorisant les incompatibilités HLA de classe I selon leurs implications sur le risque de rejet », commente dans un éditorial le Dr Pablo Rubinstein (New York Blood Center, NY). « Premièrement, si le receveur est homozygote pour un allèle HLA, il est préférable de choisir des donneurs avec une seule incompatibilité HLA qui sont aussi homozygotes pour le même allèle. Deuxièmement, lorsque la seule incompatibilité est uniquement celle d'un allèle, l'incompatibilité prédit l'absence d'augmentation du risque de rejet et ce donneur peut être accepté comme s'il était pleinement compatible. Par contraste, une seule incompatibilité d'antigène augmente le risque de rejet, et un donneur sans incompatibilité d'antigène doit être recherché. »
« New England Journal of Medicine », 20 décembre 2001, pp. 1794 et 1842.
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