L A cornée est constituée de trois lignées cellulaires (épithéliale, kératocytaire fibroblastique et endothéliale) que le processus pathologique touche de façon inégale. La plupart (60 %) des maladies cornéennes débutent par l'atteinte d'une seule lignée (endothélium 40 %, kératocytes 15 %, épithélium 5 %). Les 40 % restants correspondent effectivement à des atteintes de tout le tissu cornéen.
Le premier principe de thérapie cellulaire, présenté par une équipe de l'hôpital des Quinze-Vingts, consiste à cultiver une lignée de cellules cornéennes humaines (grâce à une transfection in vitro à l'aide d'un vecteur viral), puis à la transplanter au niveau de la zone pathologique grâce à un support tissulaire. Il peut s'agir des cellules du receveur lui-même (autogreffe) ou d'un donneur (allogreffe). Dans un avenir plus lointain, on peut également concevoir de traiter les cellules pathologiques cornéennes grâce à des agents pharmacologiques, biologiques ou physiques qui corrigeront le primum movens pathologique. L'ultime développement consistera à synthétiser in vitro une cornée bioartificielle utilisable pour la greffe.
En pratique, le projet le plus abouti concerne la thérapie cellulaire épithéliale puisque des essais cliniques sont en cours et que les six premières greffes ont obtenu de bons résultats. L'épithélium est prélevé sur un il sain, cultivé sur une membrane amniotique humaine puis transplanté. Une réépithélialisation complète est obtenue dans les cinq jours.
La greffe de cellules endothéliales, dont l'effet de pompe cellulaire assure la transparence de la cornée, pose quant à elle des problèmes techniques car l'obtention d'une mosaïque épithéliale satisfaisante fonctionnellement nécessite d'immortaliser les cellules greffées.
En matière de cornée artificielle, l'utilisation de cellules cornéennes humaines immortalisées à l'aide d'un vecteur viral a permis d'obtenir un tissu transparent avec des capacités de transport ionique, des propriétés immunochimiques et une transparence proche de la cornée.
V. Borderie, T. Bourcier, L. Laroche, centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts, Paris. Communication aux Entretiens de Bichat.
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