L'AME est à nouveau dans tous ses états. La réforme votée à la fin de l'année dernière par le Parlement, qui instaurait un ticket modérateur pour les soins dispensés en ville dans le cadre de l'aide médicale d'Etat, avait créé un front uni des ONG et abouti au gel du texte, après l'arbitrage de Jean-Pierre Raffarin (« le Quotidien » du 17 mars). Restait à venir par la voie réglementaire un texte destiné à « recadrer » le dispositif en enrayant les dérapages financiers : le coût de l'AME s'était en effet envolé de 76 à 506 millions d'euros en deux ans, selon les données fournies par le gouvernement.
La circulaire n'est pas encore publiée que des versions officieuses circulent. Elles demandent aux caisses primaires d'assurance-maladie de « mettre un terme définitif à la pratique de certains guichets qui prononcent, en dehors de toute nécessité, des admissions immédiates », estimant que « l'urgence médicale ne (le) nécessite pas ».
Le texte stipule que les conditions de résidence en France et de ressources doivent faire l'objet d'une vérification et que toute personne « hébergée, nourrie et entretenue » par un particulier doit « valoriser ces avantages », lesquels seront pris en compte comme ressources personnelles.
Dans un communiqué commun, Médecins sans Frontières et le Syndicat de la médecine générale estiment que ces dispositions rendent « impossible l'accès au soins médicaux » des étrangers démunis ; ils s'insurgent contre le fait qu' « une situation d'urgence médicale ne justifie plus l'ouverture des droits » et contre la disposition qui prévoit que « le seul fait d'être nourri et d'être hébergé par des amis est désormais considéré comme une ressource financière personnelle ».
De son côté, le Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile (SNMPMI) dénonce des mesures qui « visent à exclure de fait de l'accès aux soins les étrangers ne pouvant bénéficier de la CMU. »
Chez Dominique Versini, la secrétaire d'Etat à la Lutte contre la précarité et l'exclusion, on se borne à souligner que le texte rendu public n'est qu'un document de travail interministériel qui n'engage pas le gouvernement. La circulaire définitive n'en est que plus attendue.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature