MATTHIAS HARTMANN, metteur en scène théâtral de la jeune génération allemande, est récemment venu au théâtre lyrique. Cela se sent dans une certaine froideur de la direction d'acteur et quelques idées qui tendent plus à se démarquer de ses prédécesseurs que de signifier vraiment quelque chose de nouveau. Il est vrai qu'entre « la Fiancée vendue » de Smetana qui fut son coup d'essai à Zurich et « Elektra », de Richard Strauss, existe un océan de niveaux. Dommage que le décor de Jan Versweyveld, qui situe l'action autour du tombeau d'Agamemnon et permet une bonne circulation de l'action dans une neutralité d'époque et un vrai théâtre, soit contredit par de vilains costumes modernes.
Mais qu'importe, comme pour « Tristan » récemment, on a réuni une distribution sans faille et, luxe suprême, la présence dans la fosse d'un chef digne de ce nom : l'Allemand Christoph Dohnanyi. Sa direction toute en finesse permet de palper la texture de la partition, ne virant jamais dans l'excès, ne couvrant jamais les chanteurs et privilégiant toujours la tendresse dont Strauss a baigné cette œuvre mythologique. Comme à chaque fois qu'il a eu à faire à un maître aussi exemplaire, l'Orchestre de l'Opéra de Paris s'est élevé à un niveau d'excellence absolue.
Après avoir entendu tant d'Elektras passer en force, le chant naturel de Deborah Polaski est un baume salvateur, chaque parole est compréhensible et la psychologie du rôle abordée avec une finesse digne des plus grandes. Avec une présence physique extraordinaire, elle a rendu au personnage une classe depuis longtemps oubliée. Magnifique aussi la Chrysothemis de la Néerlandaise Eva-Maria Westbroek, de timbre et de ligne comme de rayonnement personnel pour incarner cette sœur d'Elektra tellement plus vivante qu'elle. L'Anglaise Felicity Palmer est incontestablement une Klyämnestra de grande classe, mais pourquoi la faire chanter si loin du public, elle qui n'a pas le volume aussi puissant que ses deux filles ? Superbes aussi les hommes, bien que marginalisés dans cet opéra si féminin, particulièrement l'Oreste de l'Allemand Markus Brück, tout en finesse. On se réjouit à la vue de caméras dans la salle, que cet excellent spectacle soit conservé pour l'éternité car il le mérite bien.
Opéra de Paris (0892.89.90.90) et www.operadeparis.fr. Dernière représentation le 12 juillet à 20 h. Diffusion sur France Musique le 13 août à 20 h. Prochain spectacle : « Rusalka » de Dvorak (reprise) du 9 au 27 septembre.
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