ON CONNAÎT et on aime Ostrovski, en France. Il est né en 1823 à Moscou dans un quartier de riches marchands. La plupart de ses pièces sont situées dans ce monde. L’action de « Cur ardent » est censée se passer en 1840, après l’abolition du servage. Mais c’est auparavant qu’Ostrovski a écrit cette comédie truculente et sensible, dans laquelle on reconnaît les couleurs de Gogol et Pouchkine et qui est imprégnée des tourments de la société en profonde mutation, déchirée de contradictions. Un monde où les nouveaux riches peuvent ressembler à ceux de la Russie de notre temps.
On retrouve ce que l’on aime dans les spectacles de Christophe Rauck : une simplicité, une vérité, une profondeur de la vision qui se déploie sans en appeler à des moyens dispendieux. C’est très original, très puissant. Comme les interventions de la musique, le jeu de la lumière, les rythmes. La pièce est longue, mais l’on est happé par l’action et les comédiens sont tellement bons que l’on ne voit pas le temps passer.
Christophe Rauck appuie son travail sur la traduction d’André Markowicz, drue, laissant deviner ce qu’il y a de ruptures, d’invention, dans la langue qu’Ostrovski prête aux marchands, aux jeunes, à tout le petit peuple qui boit, invente, tente de gérer le quotidien âpre sans trop souffrir. On perd son argent, on a perdu sa foi, on perd toute confiance en l’homme parfois… et puis tout se recompose. Il y a là une vitalité formidable que traduisent très bien les interprètes. Il faudrait louer chacun, analyser le travail. C’est épatant et déchirant à la fois : Jan Hammenecker, Camille Schnebelen, Hélène Schwaller, Juliette Plumecocq-Mech ; et aussi Mahmoud Saïd, Marc Chouppart, Jean-Charles Maricot, Jean-Luc Couchard, Jean-Philippe Meyer, Pierre-François Garel, Thomas Blanchard. Une réunion de fortes personnalités, une troupe unie. Un des spectacles les plus intéressants du moment.
Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, à 20 heures du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 16 heures Durée : 3 h 10, entracte compris (1 h 50, 20 minutes d’entracte, une heure). Jusqu’au 15 février (01.48.13.70.00) Traduction de Markowicz publiée chez Babel et aux Solitaires intempestifs.
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