En Grande-Bretagne, la réforme controversée des hôpitaux défendue par le Premier ministre travailliste Tony Blair a été finalement adoptée par la chambre des Communes, en dépit d'une fronde de députés de son propre parti.
Le projet de loi a été adopté en deuxième lecture par 304 voix contre 230 sur un total de 659 députés, les élus conservateurs (166) ayant décidé de voter contre. Auparavant, une motion déposée par plus de 130 députés du Labour (sur 411) pour bloquer l'adoption du projet de loi avait été rejetée par 297 voix contre 117, les conservateurs ayant choisi de s'abstenir sur ce vote.
Une soixantaine de députés travaillistes sur plus de 130 qui avaient signé la motion de défiance ont finalement voté en faveur de ce texte technique. Nombre d'entre eux se sont, semble-t-il, abstenus après que Tony Blair eut passé sa journée dans les couloirs des Communes à persuader un à un les députés contestataires de se rétracter.
Ce vote était le premier depuis celui sur la guerre en Irak, qui avait valu à Tony Blair une révolte sans précédent dans ses propres rangs, le 18 mars, deux jours avant le déclenchement des hostilités (quelque 140 élus du Labour avaient voté contre la guerre).
Le texte hospitalier qui vient d'être adopté constitue la plus importante réforme du service de santé publique britannique (National Health Service, NHS) depuis sa création, il y a un demi-siècle. Inspiré par des réformes mises en uvre en Espagne, au Danemark ou en Suède, ce projet de loi autorisera les hôpitaux publics les plus performants à opter pour un nouveau statut, qui les rendra autonomes par rapport au gouvernement. Ils seront gérés par un organisme représentant les membres du personnel et les patients.
Ils auront la capacité d'emprunter de l'argent, d'investir, d'hypothéquer leurs terrains et de payer leurs salariés comme ils l'entendent. Les adversaires de la réforme considèrent que ces « super-hôpitaux » pourront attirer les praticiens les plus performants grâce à des rémunérations plus élevées, creusant l'écart avec les hôpitaux ordinaires. Ils dénoncent la création d'un NHS « à deux vitesses ».
« Les hôpitaux qui réussissent moins verront leurs sources de revenus se tarir et auront encore moins d'argent pour investir, s'enfermant dans un cercle vicieux dégradant leurs performances », avertit le président de la commission de santé, David Hinchcliffe.
Après les années de sous-investissement chronique des gouvernements conservateurs, les travaillistes, arrivés au pouvoir en 1997, ont injecté beaucoup d'argent dans les services publics (santé, écoles, transports), mais ils insistent sur le fait que des réformes sont nécessaires pour améliorer le service aux usagers.
« Nous avons demandé à la population de verser de larges sommes prélevées sur les impôts dans le National Health Service. Il est absolument vital que nous mettions en uvre les changements et les réformes qui permettront à cet argent d'être efficace », explique Tony Blair.
Reste au Premier ministre, après avoir contenu la fronde de ses parlementaires, à convaincre l'électorat que l'augmentation des impôts a permis une amélioration visible des services publics.
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