ILS SONT un peu désorientés, les syndicats médicaux, qui doivent depuis des mois composer avec un contexte conventionnel pour le moins flottant. Car dans la grande épopée des conventions médicales, dont les protagonistes ont pourtant vécu les situations les plus folles, l'année 2008 est atypique : il n'y a pas de négociations, la vie conventionnelle est réduite à zéro. Plusieurs motifs à ce vide inédit.
L'organisation des états généraux de l'organisation de la santé (EGOS), tout d'abord, a logiquement gelé les discussions : les partenaires conventionnels, caisses comme médecins, attendaient le cadrage que le gouvernement leur promettait à la conclusion de cet exercice démocratique des EGOS. Ils ont été livrés au début du printemps (« le Quotidien » du 11 avril). Que ne se sont-ils mis au travail dans la foulée ? Les bisbilles syndicales étaient passées par là…
Entre signataires et non-signataires de la convention, entre non-signataires désireux de le rester et non-signataires désireux de signer… les cartes se sont brouillées et les modalités d'intégration des uns ou des autres dans la ronde conventionnelle ont fait chauffer les esprits. Comment (re)répartir les postes dans les commissions conventionnelles ? Pendant près d'un mois, les querelles juridico-syndicales ont rempli les agendas. Et puis après ?
Quand les syndicats ont, bien qu'en ordre dispersé, tous appelé de leurs voeux la reprise des discussions avec les caisses, il est apparu que, du côté de celles-ci, on n'était pas plus pressé que cela de s'y remettre. Le directeur de l'UNCAM (Union nationale des caisses d'assurance-maladie), en particulier, a pris tout son temps pour recueillir l'avis de son conseil quant aux orientations de négociation qu'il a lui-même fixées. Finalement, le conseil tranchera jeudi prochain…
Oui, mais jeudi prochain, c'est déjà le 12 juin et, de plus en plus, les syndicats redoutent l'année blanche. Dossier emblématique de la négociation, le C à 23 euros, prévu sous réserves (des résultats de la maîtrise et de la situation financière de l'assurance-maladie) au 1er juin… dernier, reste virtuel. Et l'immobilisme conventionnel prend d'autant plus de relief que se profile la loi Santé, patients, territoires, qui doit intégrer des mesures redoutées par les médecins. La rumeur qui court de possibles mesures de redressement en cours d'exercice n'arrange rien – l'ONDAM 2008 a dérapé et un nouveau tour de vis ne serait pas étonnant ,alors que le gouvernement a raccourci d'un an le délai qu'il se donne pour redresser les comptes (cela devra être fait en 2011).
Autant de perspectives qui rendent les syndicats médicaux fébriles. Le Syndicat des médecins libéraux (SML) est aujourd'hui le plus radical puisqu'il a quitté les instances paritaires locales. Menaçante, elle aussi, la CSMF (Confédération des syndicats médicaux) attend le 12 juin pour arrêter sa stratégie dont il sera question ce week-end lors de son conseil confédéral. La Fédération des médecins de France (FMF) fixera dimanche son mode d'action (voir ci-dessous). Et MG-France, revenu à la convention par la porte des EGOS, fait paradoxalement figure de syndicat le plus déterminé à mettre les mains dans le cambouis conventionnel. Jusqu'au prochain rebondissement.
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