Martin Lamotte, irrésistible quand le monde, justement, résiste aux désirs de son personnage, Laurent Spielvogel, acteur fin, un peu trop enfermé dans la caricature ici, et surtout Michèle Garcia, actrice d'un tempérament exceptionnel qui s'épanouit jusqu'à la folie, sont trois atouts originaux pour une comédie qui ne l'est pas beaucoup.
C'est vrai, l'argument est pauvre, le développement piètre, les répliques lourdes, les personnages parfois gênants. Eh bien malgré tout ça - et qui ne va pas jusqu'au sentiment de la dégradation ; attention : c'est bon enfant, tout ça -, on ne peut pas ne pas souligner la qualité formidable des acteurs et le très bon divertissement que constitue cette production.
La comédie est un prétexte. Un couple, surtout lui, veut un enfant. Quatre ans de démarches pour l'adopter et voilà Madame Merril, fonctionnaire de la DASS (Michèle Garcia), celle qui a suivi le dossier depuis les premières démarches, qui « livre » un bébé. Un peu en avance. A cause d'un incendie dans un orphelinat. Justement, ce jour-là, Bernard (Martin Lamotte) et son cousin d'associé (Laurent Spielvogel), architectes, sont un peu « charrette ». Leur client, Monsieur Mercier (Xavier Letourneur), s'énerve, d'autant que sa femme l'importune au téléphone - portable. Et puis c'est ce jour-là aussi que Christine (Françoise Lépine), l'épouse de Bernard, a décidé de le quitter. Elle est amoureuse. L'enfant, elle s'en fout désormais. Ajoutez une secrétaire légère mais bonne pâte (Karine Belly) et voilà une pièce. Poussive, voire grossière, légèrement vulgaire en tout cas et flattant tous les instincts les plus bas - misogynie, homophobie, etc. Mais on rit quand même sans avoir le sentiment de se salir. En même temps, on pense profondément que des comédiens comme Lamotte, Spielvogel et Garcia pourraient jouer des uvres plus ambitieuses, moins bâclées.
Reste, sans vous dévoiler des rebondissements invraisemblables, le jeu. Lamotte furibard et bougon, touchant, Spielvogel un peu mouche du coche, Letourneur benêt à souhait, Belly coquine, Lépine bien sage, sont très bien. Lamotte a une folie. Mais Garcia, elle s'envole. Elle est totalement déjantée, cette Madame Merril, et la comédienne, actrice aussi sensible qu'audacieuse, en fait une astronomique composition. A voir pour le croire !
Théâtre de la Michodière, à 20 h 30 du mardi au samedi et en matinée à 17 h le samedi et à 15 h le dimanche. Durée : 2 h 45 entracte compris (01.47.42.95.22).
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