THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
L' ART de l'intonation juste, précise, aiguë. Juste celle qui apporte un supplément de sens à un mot qu'on aurait laissé filer, à un sentiment dont on n'aurait pas compris l'exacte couleur : Danièle Lebrun possède d'éclatante façon cet art là. C'est une comédienne d'une éblouissante intelligence, mais c'est d'abord une interprète d'une sensibilité hors du commun. Jamais d'effets avec elle, jamais de temps, de mines entendues. Elle est la vivacité même et donne toujours l'impression du naturel, du vrai, du juste.
La belle Araminte, jeune veuve manipulée par un intendant qui veut servir les intérêts d'un jeune homme pauvre qu'il a servi naguère, accepte de bonne grâce le jeu vertigineux du mensonge parce qu'elle a senti monter en elle ce sentiment terrible qu'est l'amour chez Marivaux.
Tout le monde ment dans « Les Fausses confidences », personne n'y échappe et les fils ne cessent de s'entremêler formant des nuds serrés qui étouffent les plus vulnérables. Ainsi de la tendre Marton (très bonne Isabelle Thomas).
Gildas Bourdet avait déjà monté cette comédie, dernière grande pièce de Marivaux, il y a quelques années. Il a conservé le principe du décor : une cage anthracite dont les panneaux coulissent laissant apparaître une élégante maison XVIIIe dont les vives couleurs rappellent celles des costumes, seules touches éclatantes dans un univers abstrait et délibérément sombre, qui mime la duplicité de la pièce.
On comprend mal pourquoi Arlequin est à ce point bourru, braque, crasseux. N'y avait-il pas une façon plus légère de mettre en scène un paysan ? Guy Perrot n'est pas en cause, qui se plie aux indications du régisseur, mais c'est bizarre. Le Dorante de Michaël Cohen est un peu pâle. Odile Mallet compose avec acidité les mères sévères, Jean-Claude Barbier est un Monsieur Rémy tout en moelleux et faconde, Philippe Séjourné un Comte qui accepte d'assez bonne grâce sa défaite.
Le plus étonnant, dans la distribution, c'est Gérard Desarthe dans le rôle de Dubois. Desarthe est un acteur naturellement lyrique, un lyrisme sourd, entêtant, traduit par une voix sublime, aristocratique. Ce qu'il apporte à Dubois, c'est quelque chose de troublant, d'inquiétant qui sied parfaitement à la noirceur de la pièce. Et les scènes avec Araminte flambent haut.
Théâtre Hébertot, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 15 h 00 le dimanche. Durée : 1 h 55 sans entracte (01.43.87.23.23).
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