LA PREVALENCE de l'obésité, tous âges confondus, progresse en France de 5 % par an (enquête Obepi 2003). La région la plus touchée est la Haute-Normandie : 13,8 % en 2000 pour une moyenne nationale de 9,6 %, surtout chez les jeunes de 2 à 17 ans (13,4 % chez les garçons et 13,2 % chez les filles). Ces données ont conduit l'observatoire régional de la santé (ORS) et le rectorat de l'Académie de Rouen à mettre en place une enquête sur les comportements alimentaires, les habitudes de vie, la taille et le poids des enfants de 11 à 15 ans, scolarisés dans 21 des 166 collèges de la région. L'étude que publie le « BEH » (n° 14/2003) porte sur le calcul de l'IMC (indice de masse corporelle) à partir de 1 686 questionnaires remplis par les collégiens eux-mêmes. Les résultats montrent que 10,1 % des élèves sont en surpoids et que 1,8 % sont obèses . Même si les différences ne sont pas significatives, des tendances peuvent être mises en évidence : les garçons sont plus touchés que les filles (13,9 % contre 9,2 %), les collégiens scolarisés en ZEP plus que ceux qui ne le sont pas (14,9 % contre 11 %) et ceux de l'Eure plus que ceux des autres départements (15,3 % contre 9,5 %).
18,2 et 15,8 % des 11 ans.
La catégorie des 11 ans est celle où l'on observe le pourcentage d'obèses et d'élèves en surpoids le plus important (18,2 % chez les garçons et 15,8 % chez les filles contre 9,1 et 7,1 % chez les 15 ans). Les auteurs font observer que cette différence peut s'expliquer par des habitudes alimentaires différentes, même si on ne peut éliminer une moins bonne connaissance chez les plus jeunes de leur poids et de leur taille. Cette photographie de la prévalence du surpoids et de l'obésité que propose l'étude de Haute-Normandie pourrait être affinée par une mesure systématique du poids et de la taille par les médecins et les infirmières de santé scolaire. Reconduite dans trois ans, elle permettra d'évaluer les actions régionales et nationales mises en place dans le cadre du Programme national nutrition santé (Pnns).
99 % des enfants mangent surtout des gâteaux.
Dans ce contexte, l'enquête réalisée en septembre 2002 par l'ORS auprès de l'ensemble des classes maternelles de Haute-Saône donne des indications intéressantes sur les habitudes alimentaires, notamment sur les prises alimentaires hors repas des tout-petits (3 à 6 ans). « Le Quotidien » du 5 mars le rappelait : la collation de 10 heures, superflue et néfaste pour la plupart des enfants chez qui elle favorise l'obésité, est remise en cause par les spécialistes. L'étude de Haute-Saône, qui concerne à la fois les collations matinales et les goûters de l'après-midi, « permet pour la première fois à l'échelle d'un département de quantifier de façon précise le phénomène », notent ses auteurs. Les professeurs des 213 maternelles du département ont été interrogées, pour une population de 9 300 enfants.
Les collations matinales sont une pratique généralisée : 99 % des enfants y ont droit entre 9 et 10 heures dans deux tiers des cas ou après 10 heures pour l'autre tiers. Dans la majorité des cas, elles sont organisées par les enseignants (91 % des classes). Leur composition proposée dans la majorité des cas par l'école (seulement 4 % des enfants apportent leur propre en-cas) « apparaît peu variée (beaucoup de biscuits et de gâteaux), trop riche en graisses et en sucres rapides et dépourvue de fruits) ». Il en est de même pour le goûter, consommé par 32 % des enfants entre 15 et 16 heures. Mais à la différence du matin, ils sont le plus souvent apportés de façon individuelle par les enfants. L'autre différence notable est qu'il est suivi en général d'un deuxième goûter pris à domicile ou dans un lieu d'accueil périscolaire (garderies). Dans l'étude, 18 % de ceux qui ont pris un goûter se voient proposer une autre collation dans ces garderies.
Au vu de ces résultats, les auteurs formulent plusieurs recommandations, en rappelant toutefois que le comité de nutrition de la Société française de pédiatrie s'est déjà prononcé en juillet 2003 en faveur de la suppression de la collation matinale. A court terme, ils conseillent d'abandonner le goûter et de faire évoluer la collation du matin en un acte pédagogique d'éducation au goût. A moyen terme, une réflexion doit être engagée avec l'ensemble de l'équipe éducative et les familles sur l'intérêt du maintien de la collation matinale. « Seule une large information auprès des familles et des enseignants permettra d'éviter ces grignotages superflus à l'école », concluent-ils.
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