Classique
Par Olivier Brunel
G OULD a beaucoup joué en public les cinq « Concertos pour piano et orchestre », de Ludwig van Beethoven, lors de sa courte carrière de concertiste à la fin des années cinquante et au début des années soixante avant de se retirer dans l'ombre des studios d'enregistrement qu'il fréquenta jusqu'à sa disparition précoce à cinquante ans. On connaissait, grâce à l'éditeur italien Nuova Era, un « Troisième », joué avec les Berliner Philharmoniker à Berlin le 26 mai 1957, sous la direction de l'illustrissime maestro Herbert van Karajan. Gould n'y a jamais été aussi sage, jeune homme qu'il était sous l'influence du grand Artur Schnabel. La critique berlinoise avait parlé d'un nouveau Busoni.
Au studio, Gould enregistra les cinq pour son éditeur exclusif CBS entre 1958 et 1966 : le premier avec le Columbia Symphony Orchestra et Vladimir Goldschmann, le cinquième avec The American Symphony Orchestra et Leopold Stokowski, et les trois autres avec le Columbia (2e) et le New York Philharmonic (3e et 4e) sous la direction de Leonard Bernstein. Ce sont les troisième et quatrième que restitue Sony classical aujourd'hui (et pourquoi pas le second aussi ?) à l'occasion de cet hommage au chef et compositeur disparu qui comporte désormais quatre-vingt-neuf références. Beaucoup moins sage dans le Troisième en 1959, deux ans après Karajan, Gould fouille le Largo pour en faire ressortir toutes les audaces harmoniques, et se lance avec beaucoup plus de fougue dans le Rondo. On sent que le courant passe mieux avec le chef américain dans le travail de studio qu'avec Karajan dans l'ambiance du concert à Berlin.
Dans le Quatrième, cher à Gould qui y fit à quatorze ans ses débuts de concertiste à Toronto, enregistré en 1961 le pianiste respecte comme dans le Troisième les cadences écrites par Beethoven et se montre sous son meilleur jour tant au plan de la sonorité qui y est constamment colorée et inventive qu'à celui de la fantaisie d'interprétation particulièrement dans les méandres de son premier mouvement.
La collaboration de Bernstein et Gould on le sait tourna court après une mésentente au sujet du Premier Concerto de Brahms dont l'exécution eut lieu malgré tout le 6 avril 1962 et dont l'enregistrement conserve une célèbre élocution du chef prévenant le public du désaccord (CBS/Sony).
Parmi les enregistrements réédités (Sibelius, Chostakovitch, Rachmaninov, Berlioz) signalons surtout l'incomparable « Chant de la Terre » de Mahler par l'Israël Philharmonic avec Christa Ludwig et René Kollo de 1974, un « Requiem » de Verdi de 1971 très décrié pour sa direction peu latine mais qui comporte tout de même comme solistes : Arroyo, Veasey, Domingo et Raimondi.
La palme de cette série revient cependant à de très brillantes « Symphonies Parisiennes » de Haydn (82 à 87) enregistrées entre 1962 et 1967 avec le New York Philharmonic où Bernstein fait sonner de façon universelle ces petits chefs d'uvre de musique, précision et humour.
Sony Classical. 9 références Bernstein Century. ADD.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature