La présence d'une synoviale inflammatoire est un paramètre prédictif de la progression arthroscopique de la gonarthrose fémoro-tibiale interne. Cette conclusion est issue d'un travail mené à l'hôpital Cochin à Paris par le Dr Xavier Ayral et coll. Cette étude suggère que la synovite est souvent présente au cours de la gonarthrose fémoro-tibiale interne douloureuse ; elle est associée à une chondropathie plus sévère et à une dégradation plus fréquente. Elle pourrait donc être considérée comme un facteur prédictif de détérioration cartilagineuse. Cinq cent six patients ont été inclus dans cette étude prospective, multicentrique. Quatre cent quatre-vingt-dix-huit ont eu un suivi à un an ; âgés en moyenne de 61 ans, à prédominance féminine (58,9 %), la durée d'évolution de leur gonarthrose était de quatre ans. Les caractéristiques structurales de la gonarthrose à l'entrée dans l'étude devaient être les suivantes : un interligne radiologique ≥ 2 mm, avec au moins 10 % de chondropathie superficielle du condyle ou du plateau interne en arthroscopie.
Examen arthroscopique de la gonarthrose
Les arthroscopies étaient réalisées sous anesthésie locale à J0 et à J365 avec enregistrement vidéo et lecture des cassettes par un seul investigateur en aveugle de la chronologie. Les paramètres évalués étaient la sévérité des lésions cartilagineuses fémoro-tibiales internes appréciée sur une échelle visuelle analogique de chondropathie de 100 mm et par le score cartilagineux de la Société française d'arthroscopie (score SFA [0-100]), la présence d'une synoviale périméniscale interne normale (villosités peu nombreuses, fines et transparentes, axées par un vaisseau), réactionnelle (prolifération de villosités fines ou légèrement épaissies mais opaques, sans réseau vasculaire visible) ou inflammatoire (prolifération de villosités hypertrophiques, déformées « en massue », et hypervascularisées, de couleur rouge). L'aggravation de la gonarthrose était définie par une augmentation du score SFA et de l'EVA de chondropathie de plus de 4,5 points et de plus de 8 mm, respectivement.
Les patients présentant une aggravation de leur gonarthrose fémoro-tibiale interne après un an étaient significativement plus nombreux lorsqu'ils avaient une synoviale inflammatoire lors de la première arthroscopie : 23 % de patients aggravés versus 13 % et 15 % en cas de synoviale normale ou réactionnelle en utilisant le score SFA ; 30 % de patient aggravés versus 14 % et 13 % en cas de synoviale normale ou réactionnelle en utilisant l'EVA de chondropathie.
Ainsi, il semble exister au cours de l'arthrose une interrelation entre cartilage et synoviale, cette dernière pouvant s'enflammer au contact des lésions cartilagineuses et sécréter à son tour des cytokines et des métalloprotéases potentiellement délétères pour le cartilage restant. Les « poussées » de synovite pourraient expliquer les « poussées cliniques, dites congestives », de la maladie arthrosique au cours desquelles il existe un risque accru de dégradation cartilagineuse. Reste à savoir quelle est l'expression clinique de cet état inflammatoire de la membrane synoviale et quelles sont les possibilités de l'imagerie non invasive pour détecter ces patients à risque.
D'après un entretien et le résumé présenté au congrès de la SFR du Dr Xavier Ayral hôpital Cochin, Paris.
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