Le Temps de la médecine
EN 1980, l'analyse des données physiopathologiques concernant le diabète non insulinodépendant a conduit l'OMS à établir un protocole de diagnostic de cette maladie. Pour cela, les experts se fondaient sur deux faits majeurs : l'existence d'une atteinte spécifique de la rétine identifiable précocement, la rétinopathie diabétique, et le lien constant entre cette atteinte ophtalmologique et la présence d'une glycémie supérieure à 2 g/l deux heures après la prise orale de 75 g de glucose. Schématiquement étaient considérés comme diabétiques tous les sujets présentant à deux reprises une glycémie à jeun supérieure à 1,40 g/l (7,70 mmol/l) ou une glycémie supérieure à 2 g/l (11 mmol/l) deux heures après la prise orale de 75 g de glucose à jeun mélangé à 200-300 ml d'eau. L'épreuve d'hyperglycémie provoquée par voie orale devait être théoriquement prescrite à tous les sujets dont la glycémie à jeun était comprise entre 1,10 et 1,40 g/l. Mais, en pratique, la prescription de cet examen faisait souvent défaut, en particulier chez les plus âgés, pour lesquels, de fait, le seuil diagnostic le plus couramment admis était de 1,4 g/l.
Formes débutantes.
En 1995, afin d'améliorer le diagnostic de ces formes débutantes de la maladie et de permettre un traitement visant à limiter l'apparition des complications, l'American Diabetes Association a proposé de nouveaux critères diagnostics : mise en évidence à deux reprises d'une glycémie à jeun (après au moins huit heures de jeûne) égale ou supérieure à 1,26 g/l ou constatation, à n'importe quel moment de la journée, d'une glycémie supérieure à 2 g/l (11 mmol/l) chez un sujet présentant des signes d'hyperglycémie. Les sujets dont la glycémie à jeun est inférieure à 1,10 g/l (6,1 mmol/l) sont considérés comme normaux.
Ces critères ont été adoptés en 1998 par l'OMS, puis, en France, par l'Alfediam (Association de langue française pour l'étude du diabète et des maladies métaboliques) et l'Anaes (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé), respectivement en 1999 et 2000. Mais la population des sujets dont la glycémie à jeun est supérieure à 1,26 g/l n'est pas parfaitement concordante avec celle des sujets ayant une glycémie supérieure à 2 g/l deux heures après l'ingestion de 75 g de glucose. Le nouveau seuil utilisé permet de dépister un nombre plus important de sujets, en particulier des obèses et des malades jeunes. La valeur de 1,26 g/l a été choisie en raison de son niveau de corrélation statistique (peu de faux positifs et de faux négatifs), avec les résultats de l'Hgpo et le risque de complications par microangiopathie. Mais son degré de corrélation avec l'apparition du risque d'atteinte des gros vaisseaux reste très limité, puisque, lorsque la glycémie à jeun est supérieure à 1,26 g/l, le risque de mortalité par maladie coronarienne est doublé. C'est en effet dès le taux de 1,10 g/l à jeun qu'il existe une majoration du risque macro-vasculaire. Dans les prochaines années, on pourrait donc s'attendre que le seuil de détection et de traitement du diabète baisse encore et inclut les patients chez qui actuellement on parle de glycorégulation anormale (glycémie à jeun comprise entre 1,10 et 1,26 g/l (6,1 à 7 mmol/l).
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