Classique
Dans ces deux uvres, Wilson donne à voir exactement ce que le livret raconte, dans une esthétique admirable par sa gestuelle maniérée mais signifiante, ses costumes qui eux aussi racontent des états d'âme et ses éclairages qui créent les climats les plus somptueux que l'on puisse voir.
Quelques trouvailles aussi émaillent les mises en scène, tel ce cube noir qui apparaît minuscule dans le ciel au final d'« Orphée » et que l'on retrouve dans « Alceste », grossissant à mesure et planant au-dessus de la tête des personnages, comme la marque d'une fatalité.
Mais ce merveilleux travail scénique, auquel la vidéo ne rend pas toujours justice en raison du caractère sombre de l'image et de certains gros plans pas toujours heureux, ne doit pas éclipser celui du maître d'uvre, le chef anglais John Eliot Gardiner, qui bénéficie d'une sérieuse expérience des opéras de Gluck. A la tête des English Baroque Soloists pour « Alceste » et, à un diapason légèrement supérieur, de l'Orchestre révolutionnaire et romantique pour « Orphée », et du superbe Monteverdi Choir, Gardiner donne de ces deux opéras des lectures d'une vie, d'une beauté de style, d'une couleur instrumentale à couper le souffle.
Sur le plan du chant, ces soirées n'ont pas laissé un souvenir aussi impérissable. Il est très difficile de réunir dans le même soliste la perfection de ligne et d'intelligence scénique autorisant le travail d'un Wilson et le format vocal voulu du rôle. Les deux rôles principaux, Magdalena Kozena pour Orphée et Anne Sofie von Otter pour Alceste, ont des qualités vocales, stylistiques et de diction admirables qui passent cependant mieux à l'image qu'à la scène.
Bonnes surprises dans « Alceste » avec l'Admète du ténor américain Paul Groves (le Faust de « La Damnation » du Festival de Salzburg 1999, que Arthaus vient aussi d'éditer), magnifique chanteur à la voix pure et ardente et, de plus, parfait de style et de diction ; et, dans « Orphée », avec la belle Eurydice de Madeline Bender et le délicieux Amour de Patricia Petibon. Deux documents précieux et déjà historiques.
2 DVD Arthaus Musik. Distribution : Naïve. PAL 16 : 9. Durées : 100 (Orphée) et 135 min. (Alceste).
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