IL Y A dix-neuf ans, Nicolas Joel avait étrenné son directorat au Capitole avec « Faust », l’un des opéras les plus populaires du répertoire. Depuis, il l’a beaucoup monté à l’étranger, à Paris, à Orange, approfondissant toujours sa réflexion et son travail. Il y a vingt ans, Michel Plasson dirigeait l’Orchestre du Capitole. Aujourd’hui c’est son fils Emmanuel. Passages de témoins et boucle symboliquement bouclée.
L’uvre de Gounod est très librement inspiré des deux « Faust » de Goethe, principalement du premier. C’est un opéra qui, dans sa forme du XIX e siècle, limite beaucoup le propos mais jette un regard intéressant de la société du Second Empire sur ce mythe éternel. Elle contient des airs comme celui des bijoux ou le chur « Gloire éternelle de nos aïeux » qui sont des tubes de l’opéra français. D’autres compositeurs, tels Berlioz, Schumann et Busoni, sont allés plus loin avec des formes moins contraignantes.
Nicolas Joel, qui connaît bien son Goethe, a tout fait pour tirer au maximum cette version embourgeoisée vers ses sources littéraires, notamment en conservant le contraste esthétique entre les personnages habillés « moyenâgeusement » et la société, substitut du chur antique, qui apparaît dans des costumes de l’époque de la création. La direction d’acteurs indique clairement le triomphe du bien sur le démoniaque, comme le veut la version de Gounod et de ses librettistes Barbier et Carré.
Au Capitole, la distribution était particulièrement soignée, avec la Marguerite très lyrique d’Inva Mula et l’extraordinaire Méphistophélès de la basse bulgare Orlin Atanassov, à la voix d’airain et à la projection parfaite. Bien qu’avec des moyens généreux, le Faust de Giuseppe Filianoti n’était pas au même niveau d’impact scénique et vocal. Superbes seconds rôles avec Andrew Schroeder (Valentin), Blandine Staskiewicz (Siebel) et Isabelle Vernet (Dame Marthe). Avec des tempi relativement lents, un niveau sonore souvent trop élevé et une certaine raideur dans la mesure, Emmanuel Plasson a cependant bien mené les forces du Capitole, Orchestre et surtout Chur superlatif dans cette uvre où il prédomine.
La première saison du nouveau directeur artistique, Frédéric Chambert, s’ouvrira le 9 octobre à la Halle aux Grains, une nouvelle phase de rénovation nécessaire à la sécurité imposant une saison entière hors les murs (« le Quotidien » du 15 juin). « Simon Boccanegra », de Verdi, sera à l’affiche dans une mise en scène de Jorge Lavelli.
› OLIVIER BRUNEL
Tél. 05.61.63.13.13 et www .theatre-du-capitole.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature