C' EST parce que la médiane de survie des gliomes malins ne dépasse toujours pas douze mois et que ces tumeurs présentent des caractéristiques encore inexpliquées qu'une équipe de New-Yorkais s'est penchée sur la biologie de ces tumeurs et les modifications tissulaires qu'elles entraînent. A ce sujet, le fait que la dégénérescence des neurones environnants ne soit pas constante (la moitié environ des tumeurs préservant leur environnement) et le fait que la comitialité induite par les tumeurs présentent la même variabilité ont orienté les chercheurs vers le glutamate. En effet, les expériences ont montré que les cellules de gliomes humains sécrètent activement du glutamate in vitro et que les taux extracellulaires de ce dernier sont augmentés dans les implants expérimentaux, in vivo.
Glutamate : croissance tumorale accélérée
L'expérience, rapportée cette semaine dans « Nature Medicine », montre qu'un implant de cellules gliomateuses sécrétant du glutamate continuent de produire du glutamate in vivo et stimule la dégénérescence neuronale. Par ailleurs, et pour la première fois, il apparaît que les cellules tumorales ont clairement une croissance accélérée par rapport à des cellules gliomateuses ne sécrétant pas de glutamate.
Bien que la base de cette association entre le glutamate et la croissance tumorale ne soit pas totalement élucidée, un certain nombre d'hypothèses peuvent être avancées. La réaction inflammatoire médiée par la libération de glutamate et matérialisée par une forte infiltration tissulaire de cellules microgliales et de macrophages serait en premier incriminée. Elle fournirait un environnement favorable à la croissance tumorale. Dans ce cas, le glutamate agirait de façon paracrine sur la dégénérescence tissulaire mais une action directe n'est peut pas être exclue. De façon concomitante, le glutamate sécrété par la microglie activée et les changement de perméabilité de la barrière hémato-encéphalique liés à la tumeur pourraient encore augmenter la quantité de glutamate extracellulaire et aggraver la toxicité.
Fort de ces observations, les chercheurs ont ensuite cherché à comprendre si l'accélération de la croissance tumorale était liée à la mort neuronale par neuro-toxicité (stimulation des récepteurs NMDA) et si l'administration d'un antagoniste (inhibiteur des récepteurs NMDA) tel que le MK801 ou la mémantine pouvaient ralentir la croissance tumorale in situ.
Du MK801 par voie intrapéritonéale
Pour ce faire, les chercheurs ont administré pendant dix jours du MK801 intrapéritonéal à leur modèle murin afin de comparer la croissance des implants tumoraux à celle d'un groupe de souris non traitées, et les résultats ont confirmé l'hypothèse : à l'issue de l'étude, la croissance tumorale des souris traitées était diminuée de moitié. En revanche, la même expérimentation in vitro ne montrait pas de différence significative. D'ores et déjà, on peut dire que ces résultats ouvrent une nouvelle voie de recherche thérapeutique pour les tumeurs cérébrales : celle des inhibiteurs de la sécrétion de glutamate et/ou des récepteurs NMDA.
Takahiro et coll., « Nature Medicine », vol. 7, n° 9, septembre 2001.
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