Parmi les cancers de l'adulte, les gliomes (tumeurs cérébrales primitives développées à partir du tissu glial) sont une minorité : ils sont environ cent fois moins fréquents que le cancer du sein ou le cancer du poumon. Ce qui n'empêche qu'ils ont un fort retentissement sur les patients et leur famille.
Non seulement les patients doivent vivre avec un diagnostic de maladie incurable, mais, de plus, eux-mêmes et leur famille sont confrontés à une baisse des fonctions cognitives et émotionnelles.
Bien que la survie dans les gliomes de bas grade soit bien plus longue que dans les gliomes de haut grade, la plupart des patients vont mourir de leur gliome. Chez ces patients, un traitement précoce ne prolonge pas la survie. Enfin, selon des analyses rétrospectives, les effets de la neurochirurgie sont controversés.
Quel est le rôle de la radiothérapie chez ces patients ? Les gliomes de bas grade répondent modérément à la radiothérapie ; son intérêt en traitement adjuvant après neurochirurgie est discutable. Quelques travaux rétrospectifs suggèrent que la radiothérapie précoce améliore la survie mais, selon d'autres, il n'en est rien. Les résultats de plusieurs études de l'EORTC ne sont clairement pas en faveur de la radiothérapie dans les gliomes de bas grade.
Fortes doses fractionnées
En dehors de potentiels effets favorables sur la survie, la radiothérapie elle-même pourrait avoir des effets négatifs sur la qualité de vie des patients par le biais de dégâts tardifs sur le cerveau ; dégâts qui peuvent, en fin de compte, aboutir à des déficits cognitifs et à une démence. Dans le gliome, la radiothérapie est en général focalisée plutôt que dirigée sur l'ensemble de l'encéphale. De fortes doses fractionnées, une chimiothérapie concomitante et un âge avancé sont aussi des facteurs de détérioration chez les patients atteints d'un gliome.
Dans ce contexte, une équipe néerlandaise a souhaité établir la responsabilité de la tumeur elle-même et de son traitement (neurochirurgie, radiothérapie, médicaments antiépileptiques) sur les fonctions cognitives à moyen terme et à long terme chez les patients ayant un gliome de bas grade.
Ce travail a porté sur 195 adultes ayant un gliome de bas grade, dont 104 avaient eu une radiothérapie de 1 à 22 ans auparavant. Ces patients ont été comparés, d'une part, à 100 patients ayant une hémopathie maligne de bas grade (lymphome non hodgkinien, leucémie lymphoïde chronique) et, d'autre part, à 195 sujets contrôles en bonne santé. Le choix de patients atteints d'une hémopathie maligne de bas grade avait pour but d'évaluer la conséquence, sur les fonctions cognitives, du fait de se savoir porteur d'un cancer.
Sans entrer dans les détails de l'étude, il est apparu que les patients ayant un gliome de bas grade avaient des résultats moins bons dans les domaines cognitifs que les patients atteints d'une hémopathie maligne et encore moins bons que les sujets contrôles sains.
La radiothérapie était associée à de moins bonnes performances cognitives. Toutefois, l'altération cognitive dans le domaine de la mémoire n'a été retrouvée que chez les patients ayant subi une radiothérapie avec des doses fractionnées dépassant 2 Gy. Par ailleurs, l'usage de médicaments antiépileptiques était largement associé à des troubles de l'attention et à des fonctions exécutives.
La responsabilité de la tumeur elle-même
« Nos résultats, concluent les auteurs, suggèrent que la tumeur elle-même a le plus d'effets délétères sur les fonctions cognitives et que la radiothérapie provoque principalement une perturbation cognitive additionnelle à long terme quand de fortes doses fractionnées sont utilisées. De plus, les effets d'autres facteurs médicaux, spécialement l'usage de médicaments antiépileptiques sur les fonctions cognitives des patients atteints de gliome, méritent l'attention. »
M. Klein et coll. « Lancet » du 2 novembre 2002, pp. 1 361-1 368.
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