E N 1998, une équipe de l'université de Calgary (Peter Lee, Matthew Coffey, James Strong et Peter Forsyth) montrait in vitro que le reovirus - que l'on peut trouver à l'état inoffensif dans les poumons ou dans le tube digestif de l'homme - est un puissant tueur des cellules cancéreuses dont le système Ras est activé. Une seule cellule infectée par un seul reovirus aboutit à des milliers de particules virales qui, de proche en proche, infectent les cellules cancéreuses avoisinantes.
Le système Ras est activé dans la plupart des gliomes malins. Il était donc intéressant d'évaluer l'efficacité du reovirus dans le glioblastome humain. C'est ce qu'a fait une équipe dirigée par Peter Lee et Peter Forsyth, qui publie ses résultats dans le « Journal of the National Cancer Institute » du 20 juin.
Ce travail a comporté trois volets : in vitro (aptitude du reovirus à infecter et à tuer des lignées cellulaires de gliomes humains in vitro), in vivo (injection de reovirus vivant à des souris auxquelles avait été greffé un gliome humain, soit en position sous-cutanée, soit en position orthotopique) et ex vivo (sur des tumeurs enlevées chez des patients).
In vitro, sur 24 lignées tumorales testées, le reovirus en a tué 20 (83 %).
In vivo, le reovirus vivant a été testé, d'une part, chez des souris sévèrement immunocompromises, d'autre part, chez des souris moins immunocompromises.
Régression tumorale
Globalement, dans ces deux modèles, le reovirus a provoqué une régression tumorale spectaculaire et parfois complète, que ce soit sur les tumeurs en position sous-cutanée ou en position intracérébrale. Chez les souris très immunocompromises, on a observé des effets toxiques importants ; chez les autres, une seule inoculation intratumorale a été suivie d'une prolongation spectaculaire de la survie par rapport à des souris contrôles (qui n'avaient reçu qu'un virus tué) ; ces souris ont pris du poids et ont été considérées comme en bonne santé.
Enfin, les chercheurs ont testé la capacité du reovirus à infecter et à tuer des tumeurs cérébrales (9) extraites à des patients et mises en culture. Résultat : 9 tumeurs sur 9 (100 %) ont été détruites.
« Le reovirus a une puissante activité contre le gliome malin humain in vitro, in vivo et ex vivo. L'oncolyse avec le reovirus pourrait être un traitement utile pour une grande variété de cancers humains », concluent les auteurs.
« Journal of the National Cancer Institute » du 20 juin 2001, vol. 93, n° 12, pp. 903-912.
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