DE NOTRE ENVOYE SPECIAL A LONDRES
« EN 2004, NOUS AVONS PREVU de renforcer nos relations avec les médecins », a tenu à préciser Christophe Weber, P-DG de la filiale française de GlaxoSmithKline, lors de la réunion de l'ensemble de ce groupe pharmaceutique, à Londres, pour présenter les résulats pour 2003.
« Cela passera par des visites médicales axées sur la qualité, une politique de services en direction des médecins fondée sur l'information thérapeutique, et par une action spécifique en direction de la FMC (formation médicale continue). » Le ton est donné par le jeune patron du laboratoire pharmaceutique, dont les résultats mondiaux pour 2003 n'ont pas déclenché l'enthousiasme des analystes financiers (voir encadré).
Mais la situation de la filiale française, troisième groupe pharmaceutique sur le marché français après Aventis et Pfizer, et deuxième laboratoire à l'hôpital après Roche, ne semble pas inquiéter son P-DG : en 2003, GSK France a réalisé un chiffre d'affaires global de 3,06 milliards d'euros (+ 3,4 % par rapport à 2002) qui se décomposent entre 1,4 milliard pour GSK Pharma, 140 millions pour GSK Santé grand public, et 1,5 milliard pour les exportations pharmaceutiques (les médicaments fabriqués par GSK en France et revendus dans le monde entier). Le tout dans un contexte de perte de marché sur l'un des médicaments phare du groupe, le Deroxat, tombé dans le domaine public et largement copié par les génériqueurs.
Cependant, le P-DG de GSK France porte un regard distancié sur l'avenir de l'industrie pharmaceutique : « Nous faisons certes des profits, indique Christophe Weber, mais ils sont légitimes car nous sommes un secteur de haute compétence, nous sommes créateurs de valeur, et surtout, les processus de recherche sont aléatoires. »
Budget de recherche multiplié par dix en vingt ans.
Selon ses propres chiffres, le budget de recherche et développement de GSK a été multiplié par dix en vingt ans, alors que le nombre de nouvelles molécules mises sur le marché est resté stable. Christophe Weber note également que, outre le Deroxat, les résultats de GSK France ont subi l'effet des versions génériques de deux antibiotiques, l'Augmentin et le Clamoxyl. Si l'on ajoute à cela les campagnes de sensibilisation sur le bon usage des antibiotiques ( « les antibiotiques, c'est pas automatique »), les ventes d'antibiotiques de GSK France ont chuté au final de 10 % en volume et de 5 % en chiffre d'affaires au cours de l'année 2003.
Le P-DG de GSK écorne au passage la politique de TFR (tarif forfaitaire de responsabilité) mise en place par Jean-François Mattei : « Même quand les fabricants de princeps alignent leurs prix sur celui du générique correspondant, la courbe de ventes des génériques tend à dépasser celle du princeps ; cela vient du fait que, bien souvent, c'est le pharmacien qui substitue, dans une configuration où le patient ne sait pas que le princeps est au même prix que la copie ». Et Christophe Weber de conclure : « Il est clair que la compétition sur les génériques ne bénéficie pas à la Sécu, mais aux pharmaciens ». En laissant entendre que les choses pourraient bouger dès lors que les fabricants de princeps communiqueraient sur leurs prix.
Des résultats 2003 en demi-teinte au niveau mondial
Jean-Paul Garnier, président de GlaxoSmithKline, a présenté à Londres les résultats de son entreprise pour l'exercice fiscal 2003. Si le chiffre d'affaires se monte à 21,4 milliards de livres sterling (environ 31,4 milliards d'euros) pour l'ensemble de l'année 2003, avec un bénéfice de 6,2 milliards de livres (environ 9 milliards d'euros), il faut noter un recul de 1 % de ce chiffre d'affaires sur le dernier trimestre 2003, avec des bénéfices inférieurs de 20 % à ceux de la même période 2002.
Pour Jean-Paul Garnier, ces résultats trouvent notamment leur explication dans le fait qu'un des médicaments vedettes du groupe, le Paxil (commercialisé en France sous le nom de Deroxat), a vu ses ventes baisser de 40 % du fait de la concurrence de ses copies génériques. Le patron de Glaxo se veut néanmoins raisonnablement optimiste au regard des projets du groupe : GSK disposerait, selon lui, de 20 molécules en phase III des essais cliniques, ainsi que de près de 120 projets en développement dont 80 sont de nouvelles entités chimiques.
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