De notre envoyée spéciale à Prague
«P OUR conserver la fonction visuelle des patients glaucomateux, les possibilités thérapeutiques actuelles sont limitées à la réduction de la pression intraoculaire et à l'optimisation des facteurs de risque vasculaires », rappelle le Dr K. Singh* (Stanford, Etats-Unis). Ces règles thérapeutiques s'appliquant à l'ensemble des patients atteints, y compris chez ceux dont la pression oculaire se révèle normale lors d'un examen chez l'ophtalmologiste.
Une étude coordonnée par le Dr S. Asrani (Durham, Etats-Unis) prouve, en effet, que chez des glaucomateux, dont la pression est mesurée normale lors d'une consultation, il peut exister des variations importantes de la pression intraoculaire (PIO) au cours du nycthémère. Soixante-quatre patients (soit, au total, 105 yeux) atteints de glaucome à angle ouvert à pression intraoculaire inférieure à 25 mmHg ont été suivis pendant une période de quatre ans, au cours desquels ils ont surveillé à domicile leur PIO à l'aide d'un tonomètre (5 mesures par jour). Un examen de l'acuité visuelle a été pratiqué à l'entrée dans l'étude, et cet examen, ainsi que l'analyse du champ visuel, de la papille et des fibres optiques ont été répétés régulièrement.
Des variations intra-individuelles
« Si la valeur moyenne de la PIO a été similaire à domicile et au cabinet (16,4, contre 17,6 mmHg), nous avons noté, au cours de la journée, des variations intra-individuelles allant jusqu'à 10 ± 2,9 mmHg », explique le Dr Asrani. Dans cette étude, la PIO mesurée par l'ophtalmologiste à l'inclusion ne représente pas un facteur prédictif de l'évolution de l'acuité visuelle à 4 ans. A l'inverse, les variations diurnes et interjournalières de la PIO - après ajustement pour l'âge, le sexe, la race et l'intensité des troubles visuels au moment de l'entrée dans l'étude - influencent de façon significative la progression de la maladie et ses conséquences sur l'acuité visuelle.
Pour le Dr Asrani, « la mise en évidence de telles variations quotidiennes de la pression intraoculaire et de leur influence sur la progression du glaucome doit faire privilégier la prescription de médicament à action constante sur le niveau de PIO ».
* « The Importance of Lowering IOP », un symposium organisé par les Laboratoires Pharmacia Ophtalmology, à l'occasion du 3rd International Glaucoma Symposium -IGS, Prague.
Xalatan, un analogue des prostaglandines efficace sur 24 heures
Le lanatoprost (Xalatan, Laboratoires Pharmacia) est une prodrogue, analogue des prostaglandines, PGF2 alpha, dérivé de l'acide arachidonique, qui permet une majoration de 60 % de la voie uvo-sclérale. Cette voie d'élimination de l'humeur aqueuse diminue avec l'âge, mais reste la voie principale d'élimination chez le glaucomateux, en raison de l'insuffisance majeure de l'autre voie d'élimination, la voie trabéculaire. Le latanoprost augmente le débit d'excrétion de l'humeur aqueuse en élargissant, dans un premier temps, les espaces entre les faisceaux des fibres du muscle ciliaire, puis en créant une restructuration biochimique réversible (perte de collagène de type I et IV) de la matrice extracellulaire.
Xalatan peut entraîner une baisse de la pression intra-oculaire de 20 à 30 % chez le sujet normal ou glaucomateux. Cette réduction pressionnelle, tant diurne que nocturne, est indépendante du niveau tensionnel, ce qui peut se révéler utile chez les patients atteints de glaucome à pression normale.
Ce collyre, qui doit actuellement être prescrit en seconde intention, sauf en cas de contre-indication aux bêtabloquants, s'utilise en une instillation quotidienne.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature