Le directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), Gilles Johanet, préconise « un repositionnement des tâches et des actes (des médecins) sur la plus haute valeur ajoutée professionnelle », lors d'un débat organisé par le Conseil national de l'Ordre des médecins sur le thème « Médecin : un nouveau métier ».
Selon Gilles Johanet, ce repositionnement aboutirait à un « nouveau partage des tâches avec les professions paramédicales et éventuellement de nouveaux intermédiaires ». Les médecins, dont le nombre serait réduit, verraient alors leurs tâches « nettement mieux rémunérées ». Pour le directeur de la CNAM, cela revient donc à « jeter les bases d'un nouveau magistère », qui « ne doit jamais se réduire à une technique, même si tout nous y pousse ». Ce « magistère de démonstration de compétence, avec une dimension humaine » est le seul moyen, à ses yeux, d'éviter « le triomphe d'une médecine instrumentalisée », sous la double influence des « lobbies industriels » et de la « pression des patients et son cortège de décisions de justice ».
Gilles Johanet estime que la période actuelle de « transition démographique » offre une « occasion historique » car, « dans quatre ou cinq ans, il sera trop tard ». Il souligne la nécessité d'une « réflexion sur le contenu des métiers », pour accompagner la hausse du numerus clausus, et se dit « favorable à la révision du chapitre des actes cliniques de la nomenclature ». Cependant, il ne peut y avoir de repositionnement « sans partage des responsabilités avec les patients, même si cela fait peur aux politiques », a prévenu le directeur de la CNAM.
« De toute évidence, le médecin ne peut plus seul tout savoir et tout bien faire », a reconnu, lors de ce débat, le Dr Jacques Lucas, président de la section Exercice professionnel à l'Ordre. Le Dr Jackie Ahr, président de la section Formation et qualifications, partage aussi l'idée d'une redistribution des tâches et demande que le terme « paramédicaux » soit banni du langage : « Nous sommes tous des professionnels médicaux qui apportent leurs soins aux patients. » Ceux qu'on a appelés « auxiliaires médicaux » puis « paramédicaux » sont en fait des « professionnels médicaux avec des compétences spécifiques », a estimé, pour sa part, le vice-président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes, Didier Lamoureux. Dans la même optique, Nicolas Dubuis, président de l'Intersyndicat national autonome des résidents (ISNAR, syndicat des futurs généralistes) a indiqué que « les jeunes médecins sont soucieux de travailler avec leurs confrères, les paramédicaux et les travailleurs sociaux ».
Le Dr Anne-Marie Soulié, présidente du Syndicat national des médecins de groupe (SNMG), a évoqué pour sa part « la difficulté aujourd'hui à exercer ce métier avec passion, même si c'est toujours un beau métier », étant donné le tarif de la consultation généraliste à 115 F et les nombreuses tâches administratives à accomplir. Malgré tout, elle pense que « si demain le C est à 200 F, cela ne résoudra aucun problème », puisque le système de soins a besoin de solutions « organisationnelles », comme la prise en charge globale du patient grâce au regroupement des acteurs.
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