Le point de vue du Dr Pierre Bidaut*

A Gien, Briare ou dans le Nord-Cher, du temps et des moyens matériels et humains

Publié le 11/04/2019
Article réservé aux abonnés
Pierre Bidaut

Pierre Bidaut
Crédit photo : DR.

Je ne sais pas quelles sont les conditions pour réussir une CPTS mais il me semble que pour réussir la création d'une CPTS nous pourrions résumer la démarche de la façon suivante.

Tout d'abord, définir le territoire fonctionnel de la CPTS grâce à l'analyse des flux de patientèle entre le 1er et le 2e recours (travail réalisé par l'URPS ML en région Centre). Puis il faut vérifier sur le terrain auprès des médecins généralistes la concordance avec leur fonctionnement.

On doit aussi disposer de moyens humains et matériels permettant de décharger les professionnels de santé des tâches organisationnelles et administratives.

Et puis il faut organiser des réunions permettant d’informer les professionnels de santé du secteur ambulatoire du territoire du contenu de la loi, du concept de CPTS, des enjeux et du diagnostic territorial. Cela doit permettre à toutes les professions d’exprimer leurs difficultés d’exercice et de prise en charge de leurs patients.

Identifier un ou plusieurs leaders

Ensuite, il est nécessaire d'identifier un professionnel de santé (ou un groupe) leader. Tout en posant d’emblée le principe de l’absence de hiérarchie entre les professions de santé (pas de prééminence des médecins).

Autre démarche incontournable : la création d'une association porteuse du projet. Et il conviendra de constituer des groupes de travail autour des actions définies à partir des besoins exprimés, en charge de la rédaction du projet de santé et de la rédaction des statuts.

À ce stade, on veillera à impliquer dans la gouvernance, dans la mesure du possible, toutes les professions et tous les secteurs du territoire.

Prendre le temps nécessaire

Attention ! Ne précipiter aucune de ces étapes nécessaires à la compréhension de la démarche et à l’appropriation du projet par le plus grand nombre : 12 à 18 mois seront au minimum nécessaires, mais cela pourra être plus long, sur une agglomération par exemple.

Restera bien sûr à faire valider le projet de santé par l’ARS. Mais aussi à présenter la démarche aux établissements, aux élus du territoire.

Enfin, on convoquera une assemblée générale constitutive en mobilisant un maximum de professionnels et procédera à l'élection du conseil d’administration.

Le risque d'un cadre trop contraignant

Confions tout de même quelques inquiétudes pour l’avenir. L’absence de cahier des charges préexistant a permis aux professionnels de santé pour les premières CPTS de définir des projets de santé susceptibles d’améliorer leurs conditions de travail et la coordination de la prise en charge de leurs patients. Le cadrage annoncé par le futur ACI (accord cadre interprofessionnel, NDLR) CPTS, avec des missions socles très centrées médecins et contraignantes, risque de refroidir bien des ardeurs…

* Dr Pierre Bidaut, médecin généraliste, Gien (45)

Source : Le Quotidien du médecin: 9740