RIEN. Presque rien que la présence fascinante d’un interprète à son rôle, d’un comédien à un personnage… Rien que cette incarnation profonde et d’autant plus impressionnante que le « personnage » est un « acteur ». Georges Wilson le dit : sa rencontre avec l’écriture de Thomas Bernhard le bouleverse. Il se reconnaît en lui et en cette hypersensibilité qui rend parfois la vie invivable, n’était justement l’art du théâtre qui vous permet d’échapper à vous-même.
Il se met en scène sous le regard d’un assistant, Phil Sanders, et dans un décor de Mélissa Ponturo et des lumières de Philippe Vialatte. Mais il a tout prévu, le moindre déplacement, en répétant, des jours et des jours durant, passionné. Et il a appris son texte avec la précision qu’exige Thomas Bernhard.
C’est sa présence qui subjugue, c’est la force de sa personne, immédiate, qui saisit. Grand, osseux, silhouette à la Don Quichotte, Georges Wilson incarne un personnage qui se bat avec les souris et ses souvenirs. Veuf, acteur qui rêve toujours, couronne sur le crâne, à Richard III, il ne va recevoir qu’une unique visite, une petite fille de 9 ans, Catherine, qui lui apporte du lait.
Le jeu de Georges Wilson est magnifique. Timbre, inflexions de la voix, gestes, regards, tout est juste et fort. Le spectacle est remarquable, texte tout en nuances et en retournements, joué sans agressivité mais au contraire avec une très profonde humanité. C’est cela qui est très intéressant : on a trop l’habitude de donner à entendre Thomas Bernhard sous le ton de la véhémence, de l’emportement, de la colère, de l’invective. Ici, c’est une douceur, une tendresse, un désenchantement qui touchent et très profondément. Un très grand moment de haut théâtre à ne pas manquer.
Bouffes du Nord ( tél. 01.46.07.34.50), à 21 heures du mercredi au samedi. Durée : 1 heure 15. Texte publié à « l’Arche ». Jusqu’au 24 octobre.
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