Arts
NÉE DANS les premiers temps des années napoléoniennes, à la fois « pauvre enfant du vieux pavé de Paris » par sa mère et descendante de la famille de Saxe par son père, républicaine, socialiste et féministe avant l'heure, écrivain engagé, femme libre à la vie sentimentale mouvementée, enfant du siècle qui se sentait « artiste malgré [elle] », héroïne romantique animée du « désir (...) puissant de raconter des histoires », George Sand jouit depuis quelques années seulement d'une réhabilitation. Dans le « Dictionnaire des écrivains de langue française » (Larousse), Henri Bonnet rappelle que Nietzsche la considérait comme une « vache à écrire », il évoque les vitupérations qu'elle inspira à Barbey d'Aurevilly et rapporte le mot d'Henri Guillemin, qui a « vu en elle une dévoratrice d'hommes - "une goule" ».
Il est donc juste de rendre ses lettres de noblesse à l'auteur de « la Petite Fadette », et c'est la mission que se donne depuis des années le musée de la Vie romantique, qui expose dans ses collections permanentes quelque cent soixante-dix documents se rapportant à la vie et à l'œuvre de George Sand.
Mais l'exposition qui lui est consacrée aujourd'hui est plus rare et plus intimiste que le fonds du musée ; elle se lit comme une histoire vivante et alerte qui raconterait Sand. Des portraits d'elle (celui très fameux d'Auguste Charpentier, le dessin de Thomas Couture ou les portraits de Luigi Calamatta) nous remettent en mémoire ses traits déterminés. Ils sont accompagnés par d'autres figures familières, qui l'entourèrent toute sa vie durant : Musset, par Charles Zacharie Landelle, le maréchal de Saxe, par Maurice Quentin de La Tour, Liszt, par Friedrich von Amerling, Flaubert, par Pierre-François-Eugène Giraud, Mérimée, par Simon Rochart, Chopin, par Delacroix... Ce dernier peintre occupe une place de choix dans les salles du parcours : « Pour moi, il est le premier maître... », disait Sand. Delacroix se plut à peindre souvent le jardin de l'écrivain à Nohant. L'exposition dévoilera également les étonnantes aquarelles de paysages de George Sand qui se prit de passion pour cet art à la fin de sa vie, et les œuvres de Maurice Sand, son fils, très amateur de théâtre de marionnettes, qui représentent des personnages caricaturaux, grotesques ou masqués. Mention spéciale pour les œuvres algériennes de Fromentin et les superbes paysages de Corot, de Théodore Rousseau et de Gustave Doré.
Trois cents documents méconnus.
La Bibliothèque historique de la Ville de Paris détient elle aussi l'un des fonds les plus importants consacrés à George Sand, acquis entre 1953 et 1955. Elle nous présente actuellement trois cents documents issus de ce fonds, dont une large partie n'a jamais été exposée.
George Sand est évoquée dans tous les aspects de sa vie, de la femme combattante politique à la femme de théâtre. Manuscrits, photographies, cartes postales, dessins, documents sur la botanique, lettres à sa mère, à Chopin ou à Flaubert, caricatures réalisées par Sand elle-même, photos de l'auteur par Nadar sont autant de témoignages rares et souvent émouvants d'une personnalité dont la vie fut exceptionnelle et l'œuvre foisonnante. Un hommage passionnant à celle qu'Alexandre Dumas appelait le « sphinx antique, vivante et mystérieuse énigme, [qui] s'accroupit aux extrêmes limites de l'art avec un visage de femme, des griffes de lion, des ailes d'aigle ».
« George Sand, une nature d'artiste », musée de la Vie romantique (16, rue Chaptal, 9e, tél. 01.55.31.95.67). Jusqu'au 28 novembre. Catalogue, édition Paris-Musées, 196 pages, 30 euros.
« George Sand, l'œuvre-vie », Bibliothèque historique de la Ville de Paris (22, rue Malher, 4e, tél. 01.44.59.29.60). Jusqu'au 14 novembre. Catalogue, Paris Bibliothèques Editions, 128 pages, 30 euros.
Et aussi le numéro de septembre de « la Revue des Deux Mondes », avec un dossier spécial George Sand et plusieurs manifestations dans les bibliothèques parisiennes (programme sur www.paris-bibliothèques.org).
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