Des chercheurs américains (université de Pittsburgh) viennent d'identifier 19 régions chromosomiques contenant des gènes dont certains allèles semblent impliqués dans le développement de diverses maladies mentales, parmi lesquelles la dépression. Cette découverte pourrait conduire au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques spécifiques ciblant des voies de transduction cellulaire altérées chez les sujets dépressifs.
Diverses études menées sur des jumeaux avaient déjà permis de mettre en évidence l'existence de facteurs génétiques augmentant le risque de dépression dans certaines familles. Il avait alors été admis que, comme pour de nombreuses maladies, certaines combinaisons génétiques pouvaient conduire à une prédisposition à la dépression. Mais la nature exacte de ces combinaisons n'avait pas pu être définie.
Par la suite, George Zubenko et ses collaborateurs ont réussi à identifier une petite région du chromosome 2q contenant un gène, CREB1, dont certaines mutations sont associées à un risque accru de dépression chez la femme. Le gène CREB1 code pour une protéine qui régule l'expression de nombreux gènes jouant notamment un rôle important dans le cerveau.
La protéine CREB
Zubenko et coll. ont poursuivi ce travail en analysant le génotype de 81 familles dans lesquelles un ou plusieurs cas de dépression majeure, récurrente et précoce ont été diagnostiqués. Ils sont ainsi parvenus à identifier 19 loci chromosomiques supplémentaires contenant des marqueurs génétiques associés à la dépression. Dix-huit de ces nouvelles régions chromosomiques contiennent des gènes codant pour des protéines impliquées dans des voies de transductions cellulaires liées à la protéine CREB.
Certains des loci identifiés confèrent une vulnérabilité à la dépression dépendante du sexe du sujet. Les chercheurs ont émis l'hypothèse que les protéines qu'ils codent interagissent avec des hormones sexuelles. Cette hypothèse est séduisante car elle permettrait d'expliquer la vulnérabilité particulière des femmes à la dépression durant certaines périodes de fluctuation hormonales (cycle menstruel, grossesse, post-partum, ménopause) et pourquoi les dépressions sont moins fréquentes chez les sujets âgés, lorsque le vieillissement conduit à une réduction de la sécrétion hormonale.
« L'identification et la caractérisation de gènes de susceptibilité et de leurs produits fourniront de nouvelles possibilités pour le développement de médicaments, la prévention de la maladie et de nouvelles informations sur la biologie de l'humeur et sa régulation », conclut le Pr Zubenko. Il espère que son travail permettra de proposer aux malades dépressifs et aux sujets à risque des traitements optimisés, spécialement adaptés à leur génotype.
« American Journal of Medical Genetics », juillet 2003.
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