DANS SA NOTE sur le développement des génériques qui sera examiné aujourd’hui en séance plénière, le Haut Conseil pour l’assurance-maladie ne manque pas de rappeler qu’il y a dix ans la France était le mauvais élève de l’Europe dans ce domaine.
Mais les choses ont bien changé : si le marché des génériques était en France de 130 millions de boîtes en 2000 pour 560 millions d’euros en prix public, il est passé en 2005 à 380 millions de boîtes, pour un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros. Soit une multiplication par quatre du marché en valeur sur les cinq dernières années. Et, au sein du répertoire, six boîtes délivrées sur dix sont aujourd’hui des génériques.
Si bien que, pour 2004, les génériques ont permis à l’assurance-maladie (tous régimes confondus) d’économiser 380 millions d’euros, pendant que les assurances complémentaires réalisaient pour leur part une économie de 90 millions d’euros.
Une bonne affaire pour les pharmaciens.
Mais, note le Haut Conseil, «cette économie a un coût». Tout d’abord, les pouvoirs publics ont consenti aux pharmaciens d’officine la même marge commerciale, qu’ils vendent un princeps ou un générique. Mais surtout, les industriels du générique «ont consenti d’énormes avantages financiers aux pharmaciens (marges arrière) afin que ces derniers délivrent leurs génériques». Selon le Haut Conseil, ces avantages financiers ont coûté aux génériqueurs 300 millions d’euros en 2004 et 450 en 2005. Des concessions qui «se traduisent pour l’instant par un résultat net négatif dans les comptes des génériqueurs».
De plus, continue le Haut Conseil, le résultat de la politique des génériques en France reste «mitigé». Les génériques représentent en France 15 % du marché du médicament remboursable, contre 56 % en Allemagne et 53 % aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. De plus, le répertoire français des génériques est «relativement modeste», et sa part, par rapport à l’ensemble des médicaments, stagne.
Selon le Haut Conseil, en 2000, le répertoire français représentait 22,5 % en volume et 19 % en valeur du total des médicaments remboursables. En 2005, ces chiffres étaient respectivement de 25 % (en augmentation) et de 17,4 % (la part en valeur a diminué du fait du prix de plus en plus élevé des nouveaux médicaments arrivés sur le marché, par définition non généricables). Les membres du Haut Conseil notent enfin que les médecins prescrivent peu dans le répertoire, et que le taux de délivrance au sein de ce même répertoire n’est que de 60 % en nombre de boîtes.
«Il faut donc progresser», prévient le Haut Conseil. Et ce, d’autant plus que les médicaments prochainement généricables «sont des molécules à prix de princeps élevé». Si bien que le gisement potentiel d’économies n’en est que plus grand, à un montant que le Haut Conseil évalue à 1,1 milliard d’euros pour l’ensemble des financeurs.
Le Haut Conseil propose donc de se fixer comme objectif d’étendre tout d’abord le répertoire des génériques. Il note à ce sujet que les raisons de l’ «exiguïté» de ce répertoire tiennent notamment aux retards d’inscription d’un générique au sein de ce répertoire et aux délais de délivrance de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un générique. Autant de points sur lesquels l’Etat peut agir, précise-t-il.
Le Haut Conseil propose d’inciter les médecins à prescrire dans le champ du répertoire et d’améliorer le taux de pénétration des génériques au sein de ce répertoire, «où quatre boîtes sur dix sont encore vendues sous une présentation princeps». Il suggère de «mettre en oeuvre ces actions avec une structure de prix adéquate».
En conclusion, le Haut Conseil se félicite du futur accord tripartite (médecins libéraux, caisses et pharmaciens d’officine) sur des objectifs de prescription dans le répertoire, et de délivrance de génériques. Il note que des progrès réels ont été accomplis, mais que cela «n’interdit nullement de réfléchir à de nouveaux instruments»...
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