Alors que l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF) poursuit la mobilisation en appelant les médecins généralistes à « durcir le mouvement de grève » des gardes de nuit et à participer massivement à la « journée sans toubib » du 23 janvier, les consignes d'augmentation unilatérale des tarifs se multiplient localement.
Après la Corse, la Loire-Atlantique, la Manche et la Drôme, c'est au tour de la Mayenne d'être touchée par ce mot d'ordre non syndical. Les généralistes de ce département, qui seraient en grève à plus de 95 %, ont décidé de durcir leur mouvement et d'augmenter unilatéralement, depuis le 11 janvier à 20 euros le tarif de la consultation.
Une lettre affichée dans les salles d'attente informe les patients que « les généralistes français sont les moins bien payés d'Europe, alors qu'ils pratiquent les consultations les plus longues ». Bien que les médecins soient « conscients des contraintes temporaires imposées à leurs patients », ils estiment que l'augmentation des tarifs est « la seule solution qui garantisse la médecine de qualité ».
Face à ce mouvement, la Caisse nationale d'assurance-maladie a donné, semble-t-il, des consignes nationales pour appliquer la procédure prévue en cas de rupture des obligations conventionnelles, notamment en matière de tarifs. Cette procédure prévoit des sanctions qui peuvent aller jusqu'à la suspension de la participation des caisses à la prise en charge de certaines cotisations sociales des professionnels.
Toujours à la pointe, le directeur de la caisse primaire d'assurance-maladie de Nantes, Claude Frémont, a déjà rappelé à l'ordre trois médecins qui, depuis le 2 janvier, ont augmenté leur tarif à 20 euros. Dans un courrier, M. Frémont estime qu'une telle augmentation « a l'avantage de faire un chiffre rond mais l'inconvénient de constituer une violation de vos obligations contractuelles au détriment des assurés sociaux ». Il menace d'appliquer les sanctions prévues dans ce cas si les médecins ne sont pas revenus « sans délai et au plus tard dans les 48 heures aux tarifs opposables qu'ils se sont engagés à pratiquer ». Engagés dans une négociation avec la CNAM, le syndicat MG-France a immédiatement appelé « à un peu de retenue » les directeurs de caisse « qui, comme à Nantes, aggravent la situation en brandissant des menaces de déconventionnement ». Une attitude qui, selon MG-France, « n'est pas en faveur d'un apaisement pourtant souhaitable pour mener des négociations plus sereines ».
Du côté du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, on souhaite également jouer l'apaisement. Dans l'entourage d'Elisabeth Guigou, on reconnaît que les caisses doivent rappeler les règles du jeu, mais qu'il faut laisser également les discussions se poursuivre et attendre avant de prendre des décisions définitives à ce sujet.
En outre, les soutiens à la « Journée sans toubib » se multiplient. Après SOS-Médecins, les urgences médicales de Paris ont décidé de se joindre au mot d'ordre de grève, ainsi que le Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs français (SNARF), qui demande une augmentation du tarif de la péridurale. Les coordinations de médecins, qui se constituent ici et là, comme dans les Hauts-de-Seine, n'hésitent plus à lancer d'autres mots d'ordre de grève des soins pour les 30 et 31 janvier, puis pour les 6, 7 et 8 février afin de faire pression sur les négociations.
Le mouvement des généralistes continue de bénéficier de la bienveillance des principaux responsables politiques. Le député-maire RPR de Neuilly, Nicolas Sarkozy, a jugé « juste et équitable » la revendication des médecins sur leur rémunération, tandis que François Bayrou, candidat UDF à l'élection présidentielle, a estimé qu'après dix ans de formation « c'est justice », notamment si l'on compare avec « d'autres professions, tout aussi estimables, par exemple les coiffeurs ou les plombiers ».
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