Généralistes : le nouveau président de l'UNOF devra concrétiser les espoirs nés du conflit

Publié le 04/04/2002
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C'est demain que le comité directeur de l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF-CSMF), premier syndicat de médecins de famille, élira son nouveau président.

Le Dr Michel Combier, généraliste toulousain et actuel secrétaire général adjoint de l'UNOF, est, pour l'instant, le seul candidat officiel à la succession du Dr Michel Chassang (« le Quotidien » du 25 mars et du 2 avril). Sauf surprise de dernière minute (d'autres candidats pouvant se présenter le jour même du scrutin), le Dr Combier devrait donc accéder à la présidence de l'UNOF.
« Il sera élu, c'est évident », confirme d'ailleurs le Dr Charles Zuinghedau, vice-président du syndicat. « Lors d'une réunion des membres du bureau, on l'a un peu poussé à se présenter car on s'est dit qu'il était le meilleur candidat. Il est combatif, jeune dans le syndicalisme, il a remonté une région, a une tête bien pleine sur des épaules bien larges. » Le Dr Zuinghedau ajoute néanmoins un léger bémol à ce concert de louanges : « Avec son accent de Toulouse, Michel est parfois dur à comprendre, il faudra qu'il fasse un effort. »
Les deux autres vice-présidents actuels de l'UNOF se rangent aussi derrière l'unique candidat déclaré. Le Dr Alain Masclet estime que le Dr Combier est « un bon candidat », et qu' « à (sa) connaissance il n'y en aura pas d'autres ». « Michel Combier a tout mon soutien », renchérit le Dr Régis Giet. Le Dr Giet ne se présente pas personnellement car il n'envisage de renoncer ni à son mandat de président de l'union régionale des médecins libéraux de Bourgogne ni à ses fonctions de président de l'association Liberalis, fondée par une douzaine d'unions pour promouvoir un système d'informations. « Etre président de l'UNOF, ce n'est pas un titre de gloire, mais un investissement personnel considérable », souligne le Dr Giet. Il salue d'ailleurs le « sacré boulot » accompli par le Dr Chassang depuis neuf ans.
Lorsque le Dr Chassang a accédé à la tête de l'UNOF en 1993, ce syndicat souffrait toujours d'une « hémorragie » de ses effectifs, due au schisme de MG-France. Après avoir signé une convention médicale très critiquée, l'UNOF a été sanctionnée aux premières élections aux unions professionnelles des médecins libéraux en 1994, avec seulement 28 % des suffrages des médecins généralistes, contre 59 % des voix pour MG-France. Aux élections professionnelles de mai 2000, dans un contexte de changement de partenaire conventionnel, l'UNOF a réussi à faire remonter son audience électorale jusqu'à 41 % des voix des généralistes, MG-France ne récoltant alors que 31 % des suffrages. Sous l'égide du Dr Chassang, l'UNOF a finalement « récupéré son handicap » en termes d'adhérents. Le syndicat, qui n'avait plus que 6 000 syndiqués en 1993, en affiche 8 000 aujourd'hui, sans compter les récentes adhésions. Elles affluent en effet depuis janvier grâce au conflit en cours (le taux d'adhésion serait supérieur « de 30 à 40 % » à la moyenne, selon le Dr Chassang).

L'accord du G7

Le Dr Combier affirme pour sa part qu'il « ne mène pas une campagne acharnée » auprès de ses confrères. Il aborde cette élection « dans la continuité et avec sérénité ». « Les généralistes libéraux de l'UNOF sont les derniers à défendre le système de santé à la française, avec la liberté de choix et le remboursement des patients, ainsi qu'une juste rémunération des professionnels », explique le Dr Combier. Il n'a donc pas l'intention de changer une ligne de la politique de l'UNOF et souhaite « programmer dans la durée le contenu de l'accord du G7 ». Cet accord, conclu l'année dernière entre trois syndicats médicaux (CSMF, SML et FMF) et quatre centrales syndicales de salariés (CGT, CFTC, FO, CGC), a évalué à 30 euros, et non pas 20 euros comme les syndicats de généralistes le réclament aujourd'hui, la juste rémunération de la consultation d'un médecin généraliste.
Pour le Dr Combier, un des défis du futur président de l'UNOF et de son équipe consistera à « proposer des choses constructives » pour garder les nombreux généralistes qui ont rejoint le syndicat pendant le conflit.
« Il faudra continuer dans le conflictuel et déboucher sur des solutions concrètes », confirme le Dr Chassang. « Il faudra également continuer à défendre la médecine générale et à convaincre les médecins généralistes que leur intérêt est à l'intérieur d'une convention unique [pour les généralistes et les spécialistes, NDLR] et non dans une convention spécifique menant à une voie de garage. » « Ceux qui ont fait le choix d'une centrale polycatégorielle ont raison », poursuit le Dr Chassang, puisqu'à partir de 2005 la médecine générale sera vraiment une spécialité comme une autre. Cela ouvre « des perspectives nouvelles dans les deux ou trois années qui viennent », rappelle le Dr Chassang. Il pense enfin que l'UNOF devra s'adapter à « une révolution en marche », dont les premiers symptômes sont « le retour à la syndicalisation des jeunes médecins » et « la remise en cause du principe de la garde obligatoire » par la jeune génération.

Agnès BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7101