Ce n'est pas parce que le Syndicat des médecins libéraux (SML) a rejoint le giron de la convention généraliste que l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF-CSMF) va changer d'un iota sa stratégie. Au contraire : pour son président, le Dr Michel Combier, « l'essentiel est ailleurs ».
Rien ou presque ne trouve grâce à ses yeux dans le cadre conventionnel. Ainsi, l'avenant n °12, récemment publié, qui prévoit quelques revalorisations tarifaires (consultation approfondie à 26 euros, forfait pédiatrique, contrat de soins palliatifs) n'apporte que « des avancées marginales ». L'adhésion du SML ? « Un coup politique qui n'amène aucune amélioration pour les médecins. » Non seulement la convention généraliste « n'a pas produit grand-chose dans sa vie », mais « tout ce qui a été obtenu » l'a été « de l'extérieur » et souvent « de la rue », comme les revalorisations du C et du V en juin 2002. De même, « tout ce qui marche » (visites, génériques, antibiotiques) fonctionne, « car la CSMF s'implique ». Ironique, le Dr Combier constate un « acharnement thérapeutique » sur la convention généraliste. Réquisitoire exagéré ? En tout cas, l'UNOF est déterminée à « continuer le combat » de la valorisation de l'exercice en dehors d'un système « usé jusqu'à la corde ». Ce combat passe par la mise en place du volet clinique de la nouvelle classification commune des actes médicaux (CCAM) à l'horizon 2005. L'UNOF a quelques idées. Puisque c'est le contenu de l'acte qui déterminera la rémunération (et non plus la qualification du médecin), « il va falloir décrire la spécificité de la médecine générale », explique le Dr Combier. Consultations lourdes du fait de l'état du patient, coordination des soins, consultations complexes en raison d'une demande multiple, consultations téléphoniques : autant de cas qui devront s'intégrer dans la future hiérarchisation des actes cliniques. « Les médecins ne sont pas condamnés à rester à 20 euros pendant 5 ans », martèle le généraliste toulousain. Quant à l'exigence d'espace de liberté tarifaire, elle « demeure », principalement par le biais du recours au DE. Mais l'UNOF reconnaît les limites du dépassement des tarifs opposables en médecine générale. « Pour le généraliste, en première ligne des soins, c'est beaucoup plus difficile que pour le spécialiste », analyse à juste titre le Dr Combier. Les enquêtes récentes montrent que l'accroissement de l'usage du DE est plus rapide chez les spécialistes que chez les généralistes, et que les montants facturés sont plus élevés.
Autre chantier décisif : la permanence des soins. Une fois encore, c'est « hors du champ conventionnel » que l'UNOF fonde ses espoirs. Il attend que les pouvoirs publics (y compris locaux) donnent « toutes ses chances au volontariat » en y mettant les moyens .
Régulation : 3C de l'heure
Pour le syndicat, la clé de voûte du succès sera la mise en place d'une régulation libérale (en association avec les centres 15) justement rémunérée. « Cette régulation libérale vaut 3 C de l'heure », affirme le Dr Combier. Quant à la rémunération des astreintes des généralistes (50 euros par tranche de 12 heures), il la juge « dérisoire ». Le président de l'UNOF établit un lien direct entre l'avenir de la permanence des soins libérale et celui de la démographie médicale. « Si on échoue sur le volontariat, on va droit dans le mur, car les généralistes partiront. » D'où aussi cet appel pressant au gouvernement pour qu'il mette en place toutes les « incitations possibles » (primes, exonérations fiscales, collaborateur libéral, etc.), afin que les généralistes qui exercent déjà dans les zones difficiles, et pas seulement ceux qui s'y installent, ne quittent pas le navire.
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