Courrier des lecteurs

Généralisation du tiers payant et médias

Publié le 09/01/2015

Article réservé aux abonnés

Mesdames, Messieurs des médias sachant qu’il existe déjà la CMU, la CMU-C, l’AME, l’ACS, et que la plupart des médecins diffèrent l’encaissement si besoin pour leurs patients, quel est le réel intérêt de la généralisation du tiers payant à part mettre les médecins sous la dépendance de la CPAM comme le souhaite le gouvernement ?

Je ne vois pas l’intérêt pour les citoyens ni pour une gestion responsable de la Caisse, car le tiers payant n’a pour effet que de déresponsabiliser les Français sur le coût de la Santé. À l’hôpital la gratuité des soins fait que les coûts sont totalement ignorés par les Français (qui contestent régulièrement la non-gratuité de la part hôtelière qui reste à leur frais). Ils sont tenus également dans l’ignorance du coût des médicaments ; ceux-ci étant devenus "une chose gratuite" puisque "c’est la Sécurité sociale et leur mutuelle qui payent" et non eux. Maintenant pour le gouvernement, c’est le médecin qui doit devenir cette "chose gratuite soumise aux décisions de la Sécurité sociale" pour les Français. Dernier bastion à vaincre, qui permettra au gouvernement d’avoir le pouvoir absolu sur tout le système de santé et de le mener à sa guise. Pour le bien des Français ? Des mutuelles ? Des lobbys ?

Pour cela a été menée, et popularisée par les médias, une politique de rabaissement du médecin, de la valeur de son diplôme de Docteur en médecine obtenu après de longues années d’étude, comme a été menée la non-reconnaissance de la valeur du coût du médicament dû au nombre d’années de travail qu’a nécessité sa création. Je suis étonné que les médias participent à cette déresponsabilisation ! Sont-ils assujettis à des commanditaires, au gouvernement ? Désirent-ils que les soins pour leur santé reposent sur des décisions administratives et non sur les connaissances médicales ou pensent-ils que, comme les politiques, ils font partie de cette frange de la société qui se considère au-dessus des lois ?

Quels que soient leurs motifs, ils soutiennent sans sourciller le projet de loi de la ministre de la Santé dont la priorité est la généralisation du tiers payant, puis les regroupements des médecins généralistes dans des centres de santé sous le commandement des ARS (agences régionales de santé) et le transfert de compétences médicales vers des non médecins. L’égalité aux soins (que tous désirent, Français et médecins) énoncée dans ce projet de loi n’est que le prétexte pour installer progressivement sous la dépendance « budget-administration » une étatisation avec une paupérisation de la médecine. C’est pour ces causes que les médecins libéraux font grève.

Si les syndicats médicaux affirment que 70 à 80 % des cabinets ont été fermés durant ces 9 jours de grève contre la généralisation du tiers payant, la Ministre de la Santé de son côté insinue que cette grève est irréelle puisque les médecins ont fermé leur cabinet pour prendre des vacances. Tandis qu’en contradiction avec elle, l’Assurance Maladie (voulant aussi introduire un doute sur la réalité de cette grève) prétend que l'activité des médecins libéraux serait en légère progression pendant la période des fêtes par rapport à 2012 et 2013. Qui croire ?

Mesdames, Messieurs des médias, le médecin libéral faisait-il la grève ? Était-il sur des skis à Courchevel ?

Pour résoudre cet imbroglio entre la Ministre et l’Assurance Maladie et aspirant arrêter cette grève en sa faveur, le gouvernement propose aux syndicats médicaux une concertation ? Espère-t-il faire ratifier le projet de loi de la ministre de la Santé en proposant comme remerciement aux présidents des syndicats la Légion d’Honneur et/ou par une transaction : passage du C à 25€ contre la ratification ? (les syndicats médicaux auront-ils l’effronterie de faire de leurs adhérents des « médecins pigeons »?)

Les médecins libéraux doivent-ils continuer à se battre pour leurs idéaux et pour le bien des patients ou abdiquer pour une médecine administrative dont la qualité des soins dépendra de Bercy comme le désirent certains partisans (médecins ou non) de l’étatisation ? Mesdames, Messieurs des médias, quelles sont vos opinions réelles, personnelles et non télécommandées ?

Dr Jean Hvostoff, Les Molières (Essonne)