Bien que toutes les comparaisons, les recherches de symétrie et d'opposition soient tentantes et que la carrière commune des deux frères, largement médiatisée, prenne encore au moins 20 % de leur temps, dans la pratique de la musique de chambre, on se contentera de parler de Gautier.
Il apparaît d'emblée à la fois sérieux et décontracté, le type sportif, même si, dit-il, la marche à pied dans les aéroports tend à supplanter la pratique du ski qu'il aime tant. Un jeune homme tout à fait à l'aise face aux commodités de la technologie de ce début de siècle tout en jouant sur un instrument, un Goffriler, qui date de 1701.
Carrière lancée en pente douce, sur les traces de l'aîné, avec les mêmes passages par les conservatoires, les orchestres de jeunes, peu de concours, en fait principalement le concours Navarra à Toulouse, et, avant même d'en avoir décroché le premier prix, il entre dans une des plus célèbres agences de concerts parisiennes et Virgin Classics lui offre un programme d'enregistrements.
Tête froide cependant, Gautier reste étudiant à la Hochschule de Vienne pour profiter de l'enseignement du maître Heinrich Schiff, qu'il considère comme un guide indispensable à ce stade précoce de sa carrière.
Le succès international naissant ne le fait pas pour autant renoncer à la pratique de la musique de chambre, avec des partenaires comme Frank Braley ou Marielle et Katia Labèque, dans des lieux de rencontres musicales tels Bel-Air, dans sa ville natale de Chambéry, créé par son frère Renaud, ou Tautavel, moments estivaux de détente dans le travail, indispensables pour se ressourcer après une saison de concerts bien remplie.
A un niveau plus élevé, il joue aussi avec Myung-Whun Chung ou Martha Argerich, dont il a été le partenaire au Festival de Lugano l'an passé, souvenir intense pour tout jeune musicien tant la générosité de cette immense artiste n'a pas de limites. Il y retournera cet été (voir encadré).
La sortie de son premier enregistrement comme soliste, consacré à Haydn, coïncide avec une intense activité de concerts, notamment dans les premiers festivals de la saison et l'on ne saurait trop recommander de ne pas manquer l'occasion d'entendre à l'aube de sa carrière un des musiciens français avec lequel il faudra compter désormais.
@ Les prochains rendez-vous
Gautier Capuçon sera du 15 au 17 mai au Festival de l'Épau en trio avec Renaud et Frank Braley (1) ; le 22 mai au Festival d'Auvers-sur-Oise avec Renaud, Gérard Caussé, alto, et Nicolas Angelich, piano (2) ; le 6 juin au Festival de Sully-sur-Loire avec Renaud, Aki Saulière, violon, Béatrice Muthelet, alto, Frank Braley et Polina Leschenko, piano, et le Sinfonia Varsovia dirigé par Paul Meyer (3). Et encore, en trio avec Renaud et Myung-Whun Chung au piano, le 15 juin à 17 h au Festival de Saint-Denis (pavillon de la Légion d'Honneur) (4).
Les frères Capuçon seront du 30 mai au 1er juin à Tautavel en musique, manifestation des Pyrénées-Orientales qui vivra sa quatrième édition, en compagnie du clarinettiste Paul Meyer et de la pianiste Polina Leschenko, ainsi que Frank Braley, Aki Saulière et Béatrice Muthelet (5). Puis ce sera un festival quasi familial, les Rencontres de musique de chambre de Bel-Air (Chambéry), et à nouveau Lugano en juin (6), aux côtés de Martha Argerich et de sa famille d'amis musiciens.
(1) Tél. 02.43.84.22.29.
(2) Tél. 01.30.36.77.77 et www.festival-auvers.com.
(3) Tél. 0.800.452.818 et www.festival-sully.com.
(4) Tél. 01.48.13.06.07 et www.festival-saint-denis.fr.
(5) Tél. 04.68.29.12.08.
(6) Du 7 au 22 juin, www.rtsi.ch/argerich.
Sur CD
Le premier enregistrement comme soliste de Gautier Capuçon vient de paraître. Il est consacré aux trois concertos pour violoncelle et orchestre de Joseph Haydn (la paternité du troisième est aujourd'hui fortement controversée), avec le Mahler Chamber Orchestra, dirigé par le jeune chef britannique Daniel Harding. Une grande fraîcheur émane de l'écoute de ces uvres très classiques, la jeunesse de leurs interprètes étant un atout considérable. Gautier Capuçon est parfaitement à l'aise, autoritaire même, dans ces pièces majeures du répertoire pour violoncelle et son interprétation lui a valu un Diapason d'or dans le numéro de mai de la première revue musicale française.
« Face à Face », pièces pour violon et violoncelle, est une uvre écrite spécialement pour Renaud et Gautier Capuçon par Éric Tanguy et créée à Chambéry l'an dernier. Les Capuçon explorent en entente parfaite un répertoire peu galvaudé allant de Kodály à Erwin Schulhoff.
Enfin, en juin, paraîtra le Trio n° 1 de Felix Mendelssohn, enregistré live au festival de Lugano 2002 par les deux frères avec la grande Martha Argerich au piano, un sommet dans leur expérience de la musique de chambre.
En projet, l'enregistrement du « Carnaval des animaux » et du Septuor de Camille Saint-Saëns.
Tous enregistrements Virgin Classics/EMI.
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