Malgré les difficultés qu'ils ont à se déplacer, une cinquantaine de patients souffrant d'obésité morbide, en attente de gastroplastie, ont fait le déplacement à Paris de toute la France pour lancer, avec leurs associations et les chirurgiens spécialisés, un appel au ministre de la Santé et au directeur de la CNAM.
Il y a au moins 3,5 millions d'obèses en France et, de 1997 à 2000, on a recensé 650 000 nouveaux cas. Parmi eux, ceux qui souffrent d'obésité morbide (IMC* égal ou supérieur à 40) sont menacés par de graves pathologies qui font plus de 50 000 morts par an. Lorsque les mesures diététiques et d'hygiène de vie (activités physiques) ont échoué, les obèses mettent souvent leur dernier espoir dans la chirurgie et aujourd'hui, plus précisément, dans la gastroplastie par anneau gastrique ajustable (voir encadré).
Mais cette méthode reste à évaluer et à encadrer. « L'anneau est une aide efficace, mais pas un miracle à lui tout seul », écrivaient récemment dans « le Quotidien » (14 octobre) les Drs Catherine Grangeard et Patrick Bergevin. Face au développement des gastroplasties dans la région (plus de 3 000 opérations en 2001), l'assurance-maladie de Rhône-Alpes a réalisé une étude qui met en évidence des taux importants de complications et de réinterventions, l'absence dans nombre de cas de prise en charge pluridisciplinaire ; sans compter les opérations réalisées hors indications médicales, au point de pouvoir parler d' « expérimentation sauvage hors loi Huriet ». La CNAM a alors décidé de lancer un programme national de contrôle, qui est en cours.
Mais les malades s'impatientent ; et d'autant plus que, affirment-ils, les refus de prise en charge sont de plus en plus nombreux : de 30 % jusqu'à une date récente, la proportion est passée à 70 % dans certaines régions. Ils sont des milliers concernés par ces refus et qui « se considèrent aujourd'hui en danger de mort ». Ils regrettent que les médecins-conseils appelés à donner leur avis ne soient pas spécialisés dans cette technique et souhaitent que leur mission se borne à veiller à l'application de la réglementation et des règles éthiques sans se substituer aux chirurgiens pour effectuer des diagnostics.
Relayés par une vingtaine de leurs associations** et soutenus par plus de 250 chirurgiens, les malades ont écrit à 167 médecins-conseils. Et ils ont organisé une conférence de presse pour interpeller le ministre de la Santé et le directeur de la CNAM : ils demandent qu'un groupe de travail réunisse assurance-maladie, chirurgiens spécialistes et représentants des associations d'obèses pour faire le point sur la réglementation.
Ils ont naturellement leur idée sur ce que serait cette réglementation, qui devrait par exemple garantir un bilan de santé complet avant l'intervention et un suivi postopératoire avec psychothérapie et chirurgie reconstructive ! Des demandes ambitieuses, certes, mais, argumentent-ils, les maladies qui affectent les obèses coûtent beaucoup plus cher à la Sécurité sociale que la gastroplastie. Et ne faut-il pas venir en « assistance à personne à danger » ?
* IMC = poids (kg)/taille (mètre) au carré. L'obésité est modérée lorsque l'IMC est entre 30 et 34,9 et sévère lorsqu'il se situe entre 35 et 39,9.
** Parmi lesquelles Club des anneaux à l'estomac (Mulhouse), les Danaïdes (Marseille), Kilo Plume (Montpellier), Maigrir (Lyon), Ligne de mire (région parisienne), Nouvelles Silhouettes (Nord), Poids et Equilibre (région parisienne), SOS Obèses (Avignon).
La chirurgie de l'obésité morbide
La gastroplastie par anneau gastrique ajustable (AGA) est pratiquée en France depuis 1992 et a concerné quelque 30 000 personnes. La mise en place peut se faire par laparoscopie sous anesthésie générale (3 ou 4 jours d'hospitalisation). L'opération est réservée aux victimes d'obésité morbide, après un bilan de santé réalisé par une équipe multidisciplinaire (anesthésiste, psychiatre, endocrinologue, nutritionniste). Elle est soumise à l'accord du médecin-conseil et est facturée entre 3 800 et 4 600 euros en moyenne.
D'autres techniques peuvent également être utilisées dans la chirurgie de l'obésité morbide en fonction de la personnalité des patients et de leur comportement alimentaire. Dans le point réalisé pour « le Quotidien » (13 mai 2002), le Dr Jean-Fred Warlin résume ainsi les possibilités : « On peut proposer l'AGA à la femme jeune souhaitant des grossesses, non hyperphage, sans hernie hiatale, ni trouble majeur du comportement alimentaire. La gastroplastie verticale visera plutôt l'adulte hyperphage, sans trouble du comportement alimentaire, mais porteur d'une hernie hiatale à corriger dans le même temps. Le court-circuit gastrique concernera l'hyperobèse, avec troubles du comportement alimentaire, et enfin la diversion biliopancréatique sera réservée aux malades dont l'IMC dépasse 60. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature