« C'est l'amorce d'un nouveau dialogue », se félicite le Dr Salomon Benchétritt. En juillet, ce spécialiste de chirurgie digestive qui exerce à la clinique Jeanne-d'Arc de Lyon, a été reçu à la CNAM en tant que président de l'ICOT (International College For Obesity Treatment), société scientifique créée sous son impulsion en avril dernier dans l'objectif de « parler d'une seule voix » et de « défendre les intérêts légitimes de la profession et des patients ».
Des intérêts, qui, pour mémoire, avaient été quelque peu mis à mal par une enquête de l'URCAM Rhône-Alpes, datée de mars 2002. Ce travail dressait un piètre tableau des pratiques de chirurgie bariatrique dans la région. Il montrait que n'étaient pas respectés les règles de base édictées par les sociétés scientifiques française et américaine et les référentiels établis par l'ANAES (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé). Alertée par ces résultats, la CNAM décidait, dès le mois de septembre suivant, de lancer une enquête nationale sur ce thème, tout en examinant avec plus d'attention qu'auparavant les demandes d'entente préalable pour gastroplastie.
Le résultat de cette nouvelle régulation ne s'est pas fait attendre : en décembre 2002, un mouvement de contestation était lancé par 214 chirurgiens qui, dans un courrier adressé aux autorités de tutelle en décembre 2002, dénonçaient une augmentation du nombre de refus de ces interventions par les médecins-conseils. « La consigne était d'accepter uniquement les dossiers complets, comprenant les avis de tous les spécialistes impliqués dans la prise en charge multidisciplinaire », rappelle toutefois le Dr Brigitte Frois, médecin-conseil à la CMR du Rhône, et coordinatrice de l'enquête sur la chirurgie bariatrique en Rhône-Alpes. Mais elle précise qu'en cas de désaccord « une expertise médicale est systématiquement ordonnée ». Pour l'ICOT, née dans le prolongement de cette contestation, le nombre de refus de dossiers aurait atteint 80 % dans certaines caisses, comme celle de Grenoble. Un pourcentage tempéré par le Dr Frois, qui fait état d'un tiers de refus au niveau national. Néanmoins, l'heure n'est plus vraiment à la polémique, semble-t-il.
Police interne
L'ICOT, qui ne cache pas souhaiter, in fine, une inscription de la gastroplastie à la nomenclature, situe son action dans un tout autre registre. Elle propose aujourd'hui de « faire la police » au sein de la profession : face à la CNAM, en juillet, les chirurgiens présents auraient « reconnu les abus pratiqués par quelques-uns de leurs confrères », souligne Salomon Benchétritt. Les spécialistes rassemblés sous la bannière de l'ICOT proposent aussi de concrétiser ce que le rapport de l'URCAM Rhône-Alpes lui-même préconisait, à savoir une évaluation objective des résultats de la gastroplastie, grâce à des études multicentriques, et la création d'un registre national de l'obésité pour comparer toutes les techniques de prise en charge disponibles. Un deuxième rendez-vous a été fixé entre la CNAM et les chirurgiens, au mois d'octobre. « Nous discuterons de l'élaboration de règles de bonnes pratiques », conclut le Dr Benchétritt.
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