« L'IRM a apporté beaucoup dans tous les domaines de la gastro-entérologie », lance le Pr Marc-André Bigard (CHU Brabois, Nancy). Tout d'abord, rappelle-t-il, par l'absence de rayons X, dont l'intérêt est évident chez des patients soumis à des examens à répétition.
Ensuite, l'IRM a apporté une plus grande précision diagnostique, notamment au niveau des parenchymes. Il cite en exemple le volumineux angiome hépatique où l'IRM permet de mieux poser le diagnostic différentiel (sans certitude absolue, il est vrai) avec une lésion d'une autre origine.
« Les voies biliaires et pancréatiques, que l'on ne pouvait pas visualiser sans préparation, sont devenues visibles, comme si elles avaient été injectées de produit de contraste », s'enthousiasme-t-il. L'arbre biliaire, un obstacle, une lithiase : tout apparaît. Grâce à des protocoles d'IRM en coupes épaisses, tout l'arbre biliaire est découvert en deux ou trois coupes. Cette imagerie a supplanté les techniques antérieures, plus agressives, telles que l'écho-endoscopie ou le cathétérisme rétrograde de la papille. Ce dernier est réservé, par exemple, à des patients dont le diagnostic est posé par IRM, dans un but thérapeutique.
Les pathologies vasculaires digestives
« Certes, moins fréquents, les diagnostics de pathologies vasculaires digestives ont beaucoup gagné avec l'émergence de l'IRM. » Ainsi, un blocage d'origine athéromateuse des artères digestives peut être visualisé ou un anévrisme d'une artère hépatique, dans le même temps que l'examen des autres parenchymes.
L'intestin grêle aussi a bénéficié de l'IRM. Empli d'eau, il est examiné et, en cas de tumeur, l'extension extradigestive est désormais accessible.
En revanche, un examen s'est peu développé, constate le Pr Bigard, c'est l'endoscopie virtuelle. Elle se fait aussi bien en résonance magnétique qu'au scanner. « On navigue dans un côlon virtuel. Mais la technique prend beaucoup de temps. Le résultat est moins précis que la coloscopie, notamment par sa résolution minimale de 1 cm. Elle ne peut, en outre, faire la différence entre un petit polype et un amas de selles de même volume. » D'ailleurs, l'ANAES l'a récusée comme technique de dépistage du cancer colique. Décision confortée par la relative faiblesse du parc actuel d'IRM en France.
« La lithiase de la voie biliaire principale, compliquée d'angiocholite, a tiré un bénéfice considérable de l'IRM. » L'examen est pratiqué en urgence, chez un patient qui n'a plus besoin d'être à jeun. Dans les heures qui suivent, la sphinctérotomie endoscopique peut être réalisée, avec la certitude de l'existence d'une lithiase du bas cholédoque. Autrefois, l'échographie, le scanner, l'écho-endoscopie ou le cathétérisme rétrograde ne donnaient pas une telle précision. « Dans cette indication, nous avons gagné beaucoup en sécurité, surtout pour le patient. Gain aussi en précision diagnostique, grâce à l'IRM, dans les tumeurs hépatiques bénignes (adénome, angiome) ou dans les carcinomes hépatocellulaire de bas grade. »
La fin de la défécographie
Une indication peu connue de l'IRM touche la proctologie, et plus précisément le prolapsus rectal. L'intervention, auparavant, était précédée d'une défécographie. Il s'agissait d'introduire de la baryte épaisse dans le rectum et le sigmoïde, puis de demander à la patiente de l'évacuer sur table radiologique. « Mais les informations fournies étaient insuffisantes, il fallait rechercher, en plus, une entérocèle, par opacification du grêle (500 cc de baryte par voie orale). » Il fallait, en outre, visualiser le vagin, grâce à un tampon imprégné de baryte, et la vessie, emplie par sondage d'un produit de contraste. Cet examen soumettait les patientes à un protocole pour le moins désagréable. « Actuellement, poursuit le Pr Bigard , les femmes sont mises sur une table d'IRM ; il leur est simplement demandé de pousser "à blanc", tout en enregistrant les images. Les viscères concernés sont visualisés sans aucune opacification. » Le confort est incontestablement amélioré, de même que la précision des données anatomiques.
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