L’Europe de la santé se réunit annuellement en Autriche pour prendre les eaux… mais aussi pour discuter de la complexité de cet espace en construction. Dans un constat partagé – au paradoxe près que tous les États membres présentent les mêmes problèmes mais ne retiennent pas les mêmes solutions – le cœur du débat est la place respective des acteurs de santé et des régulateurs. Les discussions sont en effet toujours plus aisées quand elles évitent le problème central du montant des dépenses de santé. Non pas que la crise économique ou la contrainte de maîtrise des budgets nationaux soient oubliées, mais la crispation des « payeurs » concernant la régulation est transitoirement mise de côté.
Les initiatives sont légions et comme souvent, il apparaît que les éléments dont l’impact prévisible est le plus marqué seront extérieurs au monde des professionnels de santé eux-mêmes. Le constat est celui d’un monde ouvert et perméable, communicant. Avec les nouvelles technologiques, certes, mais aussi l’implication des patients. Même si dans certaines discussions il est paradoxal de vouloir associer plus étroitement le patient dans les parcours de soins tout en limitant la diversité de l’offre. Soit en évitant la confrontation public-privé dans une régulation étatique monopolistique, soit en donnant tout pouvoir au médecin traitant comme « Gate Keeper » c’est-à-dire seul maître du chemin à parcourir. Les réponses fournies par les participants montrent bien cette dualité persistante, entre liberté accrue d’un côté et forte régulation pour des raisons d’optimisation des soins et de leurs dépenses de l’autre.
Quel nouveau mode de management ?
Le danger des lobbyistes bruxellois plein temps a été évoqué, poids jugé dangereux à l’exemple du tabac ou des industries alimentaires. Par contre l’évidence est à l’implication de nouveaux acteurs en particulier les technologies de la communication ou de la gestion la complexité, risk management, big data, etc. Un nouveau mode de management en faveur de la société civile comme force de proposition, dans une mission renforcée d’information du décideur, est souhaité. Peu de réponse cependant de la part des responsables politiques eux-mêmes sur ces points : sont-ils réellement disposés à partager une certaine forme de pouvoir décisionnel ? Au niveau européen, certes, mais aussi en coordination avec les politiques de santé nationales. Pourtant tout plaide en faveur d’un renouvellement des processus d’informations, d’aide à la décision, dont par exemple le Conseil Scientifique de la Direction Santé Consommateurs DG SANCO est volontiers partenaire. Un point commun pourrait être, cela a été rappelé, d’utiliser les recommandations de l’OCDE pour des actions basées sur les résultats. Cela cadre bien avec la question centrale de la performance des systèmes de santé qui est le cœur du débat. Puissions-nous en tant que professionnels de santé, impliqués dans une vie quotidienne dédiée au soin, être associés à tous ces niveaux de réflexions et de décisions. La réponse l’année prochaine ?
* Secrétaire général de la Société française d’économie de santé
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