« L’enfant autiste est un enfant différent, et son problème n’est pas son autisme, mais ses comorbidités », a déclaré le Pr Christopher Gillberg (Göteborg, Suède) lors du récent congrès « Vaincre l’autisme » 2010. Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on évoque les comorbidités de l’autisme ? Selon le Dr Eric Lemonnier, il existe plusieurs types de pathologies pouvant être associées à l’autisme. En premier lieu, « il faut être attentif aux comorbidités initiales rares comme les maladies d’origine génétique qui peuvent parfois masquer le diagnostic d’autisme (syndrome de Rett, X fragile, sclérose tubéreuse de Bourneville, maladie de Recklinghausen, etc.) » indique ce pédopsychiatre du CHU de Brest. Viennent ensuite les troubles psychiatriques, dont certains directement liées aux troubles neuro-dévelopementaux de l’autisme, comme le retard de maturation attentionel avec TDAH ou les troubles du sommeil par retard de maturation du cycle de la mélatonine. Fréquentes (40 à 50 %), ces affections requièrent la plupart du temps une prise en charge spécifique. Quant aux troubles obsessionnels compulsifs, anxieux et dépressifs, ils peuvent représenter une expression comportementale de l’autisme, et leur traitement doit être discuté par le spécialiste.
Identifier les comorbidités
Plus rarement, peuvent être observées certaines maladies métaboliques comme le trouble du cycle de l’urée, (1 à 2 %), ou certaines épilepsies précoces (3 à 4 %) passant volontiers inaperçues et qui doivent être recherchées et traitées. Quant aux autres maladies somatiques, elles sont souvent sous-évaluées, car l’enfant autiste ne sait pas localiser la douleur sur son corps, et ne se laisse pas examiner.
Tout l’enjeu consiste donc à la fois à identifier et prendre en charge ces comorbidités chez l’enfant dont l’autisme est déjà connu mais aussi à savoir évoquer le diagnostic d’autisme face à certaines affections. L’approche des comorbidités représente en effet une voie d’entrée possible sur le diagnostic précoce de l’autisme. « Devant des troubles du développement ou une maladie se présentant de façon atypique, le médecin généraliste doit se poser la question d’un éventuel autisme car la prise en charge sera différente », insiste le Dr Lemonnier. Avec notamment un large recours aux techniques d’orthophonie aidant à la communication ou à la mise en place du langage.
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