Le débat sur le lien possible entre vaccination et maladie auto immune a été ouvert il y a plusieurs années, avec la vaccination contre l’hépatite B. Aujourd’hui, le cas de Marie Océane Bourguignon relance le débat, cette fois-ci avec la vaccination contre le papillomavirus. En effet, la jeune fille a déposé le 22 novembre une plainte contre le Sanofi Pasteur MSD et l’ANSM, mettant en cause la vaccination par Gardasil dans l’apparition d’une réaction inflammatoire aiguë. Quelques mois après les injections, la jeune fille a été atteinte de troubles évoquant une sclérose en plaques ou d’encéphalomyélite aiguë disséminée (vertiges, vomissements, puis paralysie faciale, perte de la vue et de la marche, etc).
pas de lien de causalité
D’après un communiqué, le laboratoire Sanofi Pasteur MSD réfute tout lien de causalité entre l’apparition de la maladie et la vaccination : « les études conduites en France et dans le monde pour évaluer l’association éventuelle entre la vaccination anti HPV et la survenue de cas de SEP n’indiquent aucune augmentation du risque d’apparition de cette maladie ».
Un fait que confirme l’ANSM, en s’appuyant sur les dernières données de pharmacovigilance. « En France, depuis sa mise sur le marché, plus de 5 millions de doses du vaccin Gardasil ont été distribuées. 435 cas d'effets indésirables graves dont 135 de maladies auto-immunes incluant 15 cas de SEP ont été rapportés », indique l’Agence du médicament. Mais le nombre de maladies auto-immunes observé reste inférieur à celui attendu dans la population générale. Même avis pour Daniel Floret, président du Comité technique des Vaccination (Haut Conseil de la Santé publique), qui estime que dans le cas de Marie Océane, « seul un lien temporel est mis en évidence entre la vaccination et l’apparition de la maladie, pas de causalité».
L’interêt de la vaccination est donc loin d’être remis en cause par les autorités de santé. L'ANSM rappelle que « les HPV 16 et 18 sont estimés responsables d'environ 70 % des cancers du col de l'utérus et que ce cancer est le 10ème cancer chez les femmes en France. On compte près de 3 000 nouveaux cas chaque année de cancer du col et 1000 décès chaque année dans l’Hexagone». L’Agence rappelle également que dans son avis du 20 mars 2013, « la Haute Autorité de Santé considère que le service médical rendu par ce vaccin est important dans la population recommandée dans le calendrier vaccinal en vigueur »
effet boule de neige
Malgré ces avis officiels en faveur de la vaccination qui devraient apaiser le débat, le cas de Marie Océane semble déjà faire effet boule de neige : un cabinet d’avocats parisien a annoncé vouloir déposer trois plaintes pénales contre Sanofi Pasteur MSD, pour des jeunes femmes qui ont développé, peu de temps après la vaccination par Gardasil, une maladie de Verneuil pour deux d’entre elles et une polymyosite pour la troisième.
Et l’indemnisation de ces victimes n’est pas impossible, loin de là. Car, depuis l’affaire de la vaccination hépatite B et du risque de sclérose en plaque, cette indemnisation peut désormais reposer sur de simples présomptions pourvu qu’elles soient graves, précises et concordantes. Affaires à suivre.
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