UN VACCIN contre les HPV.
Gardasil, vaccin quadrivalent ciblant les papillomavirus 6, 11, 16 et 18, préventif contre le cancer du col de l'utérus, représente la première possibilité d'immunisation contre une tumeur solide. Son intérêt s'exprime à travers deux arguments majeurs : le cancer cervical est dans près de 100 % des cas dû à un HPV (et 70% sont liés aux types 16 et 18) ; le vaccin est efficace pratiquement dans 100 % des cas en prophylaxie de l'infection et des lésions dues aux quatre types viraux, chez les femmes indemnes d'infection.
L'AMM européenne a été délivrée pour les femmes de 9 à 26 ans. La vaccination consiste en trois injections à 0, 2 et 6 mois.
Comme l'efficacité et les bénéfices sont optimaux sur les populations naïves, le Dr Joseph Monsonégo, coordinateur national des essais cliniques des vaccins antipapillomavirus, insiste sur l'intérêt de la prévention primaire par la vaccination avant les premiers rapports. Elle demeure indissociable d'une prévention synergique et complémentaire par frottis de dépistage après l'âge de 20 ans.
L'AMM est fondée sur les résultats d'efficacité clinique chez les 16-26 ans et sur des données immunologiques chez les 9-15 ans. L'efficacité clinique du vaccin a été montrée dans de nombreux essais chez un total de 20 000 femmes à partir de 2003. L'AMM européenne est intervenue en octobre 2006. Le Dr Monsonégo souligne l'importance des résultats des essais Future I et II (Female United To Unilateraly Reduce Endo/ectocervical disease) menés contre placebo. Chez les femmes de 16 à 26 ans qui ont reçu les trois doses vaccinales, on enregistre une efficacité de 100 % contre toutes les dysplasies du col, du vagin et de la vulve en rapport avec les types d'HPV contenus dans la vaccin. Et l'efficacité est également totale contre les condylomes acuminés génitaux externes dus aux HPV 6 et 11.
Sur le plan immunologique, les trois injections procurent chez les femmes naïves une ascension des anticorps jusqu'au 7e mois. Ils forment par la suite un plateau qui dure 5 ans. Ce qui autorise une relance de l'immunité par une injection de rappel si nécessaire.
En France, l'incidence annuelle du cancer du col utérin est de 3 400 à 4 500 cas, avec 1 600 décès. Les dysplasies et néoplasies cervicales sont responsables de 35 000 séjours hospitaliers, de 25 000 conisations, de plus de 3 500 hystérectomies, sans oublier environ 50 000 cas de condylomes acuminés.
Un traitement ciblé des cancers épidermoïdes de la tête et du cou.
Erbitux (cetuximab) est le premier traitement ciblé des cancers épidermoïdes de la tête et du cou. Le prix Galien salue ici une double innovation, en termes de mécanisme d'action et d'efficacité contre ces cancers difficiles. Ce médicament des Laboratoires Merck est réservé à l'usage hospitalier. Erbitux dispose d'une AMM aux Etats-Unis, en Europe et en Suisse dans les carcinomes à cellules squameuses localement avancés de la tête et du cou.
Chez les patients atteints de cancer des voies aériennes supérieures (VAS), les effets du cetuximab ont été évalués dans trois situations. La première concerne les formes récidivantes et/ou métastatiques après une première ligne de traitement à base de platine ; les résultats enregistrés ont justifié aux Etats-Unis une AMM dans cette indication. La deuxième situation est celle des tumeurs récidivantes et/ou métastatiques, où le produit est testé en première ligne en association avec un sel de platine seul ou avec le 5FU ; les résultats d'une étude randomisée de phase III sont attendus cette année. La troisième situation, dans laquelle le produit a été essayé, est celle des cancers localement avancés, où il a été donné en première ligne et en association avec la radiothérapie, ce qui a abouti à des résultats significatifs.
Les auteurs d'une étude de phase I-II sur 16 patients ont noté, avec ce traitement, une réponse complète dans 13 cas et partielle dans 2 cas. L'intérêt de l'association est confirmé dans une étude de phase III, qui a mis en évidence une efficacité supérieure à la radiothérapie seule, avec un allongement significatif de la médiane de survie et du contrôle locorégional.
Rappelons que le cetuximab est un anticorps monoclonal qui agit contre l'Egfr (le récepteur de l'Epidermal Growth Factor ou facteur de croissance épidermique). Il inhibe la prolifération des cellules tumorales exprimant l'Egfr.
L'utilisation dans les cancers de la tête et du cou fait suite à une AMM pour le traitement du cancer colo-rectal métastatique exprimant l'Egfr, après échec d'une chimiothérapie à base d'irinotécan.
Le pionnier de la culture des hépatocytes humains.
André Guillouzo, le pionnier de la culture des hépatocytes humains, est récompensé par le prix Galien. Le chercheur, aujourd'hui directeur de l'unité Inserm U630 (faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de Rennes), a mené un travail acharné pendant plus de dix ans avec Christiane Guguen-Guillouzo et leurs collaborateurs, pour aboutir, en 1992, à une technique qui a acquis une reconnaissance internationale et fait, depuis, référence. Ces chercheurs sont les premiers à être parvenus à maintenir en culture des cellules hépatiques humaines fonctionnelles.
Leur système expérimental est considéré comme le meilleur modèle d'étude du métabolisme et de la toxicité des médicaments chez l'homme. Il est largement utilisé par l'industrie pharmaceutique pour le développement des nouvelles molécules thérapeutiques. Il constitue en outre un modèle de choix pour l'étude de diverses pathologies hépatiques et a permis de ne plus utiliser les modèles animaux, imparfaits, utilisés antérieurement.
La technique efficace développée par l'équipe repose sur la dissociation enzymatique du tissu hépatique. Mis en culture avec des cellules biliaires, les hépatocytes ainsi isolés peuvent être maintenus vivants et fonctionnels pendant plusieurs jours. Ils conservent leur activité dépendante du cytochrome P450. Par la suite, l'équipe d'André Guillouzo a établi des protocoles permettant de congeler les hépatocytes humains, ce qui permet de les transférer d'un laboratoire à l'autre ou de retarder une expérience.
Pour faire face aux nombreuses demandes de collaborations des industriels ou des chercheurs, A. Guillouzo et coll. ont créé Biopredic, une société de prestation de services spécialisée dans l'étude du métabolisme des médicaments par des cellules hépatiques humaines. Plus récemment, ils ont montré que la lignée de cellules immortalisées à partir d'hépatome humain, HepaRG, est unique en son genre, car elle conserve ses fonctions de biotransformation des médicaments. Ce qui doit permettre d'aborder de nouveaux sujets de recherche.
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