Les deux produits récompensés par le jury du prix Galien, présidé cette année par le Pr André Vacheron, sont le vaccin pneumococcique Prevenar, actif chez les enfants de moins de deux ans, et le Vfend, antifongique systémique, actif contre les mycoses invasives en particulier chez les sujets immunodéprimés. Chacun dans sa partition, l'un en médecine de ville, l'autre en médecine hospitalière, fournit tous deux de nouvelles armes contre les agents infectieux. Ces deux plus dans l'arsenal thérapeutique, a souligné Claudie Haigneré dans son intervention, sont récompensés alors que « l'épidémie de pneumopathie atypique nous rappelle que les agents infectieux constituent une menace permanente, sans cesse renouvelée, pour la santé publique ».
La ministre déléguée à la Recherche, notant que « la perception (de la menace) a été renforcée récemment par l'actualité », s'est montrée d'autant plus laudative sur « ces deux innovations (qui) illustrent bien la contribution significative et continue de la recherche des laboratoires pharmaceutiques aux progrès de la prévention et de la thérapeutique ».
Face aux défis qui nous attendent, le Galien affiche « une image positive et mobilisatrice de la science et de la recherche » ; il s'inscrit dans la nécessité d'exprimer « toute la reconnaissance sociale qu'ils méritent. »
Des atouts pour une recherche innovante
La ministre a rappelé la part que l'Etat entend prendre pour « mobiliser et redonner au secteur pharmaceutique dans notre pays tous les atouts pour une recherche innovante, qui bénéficie à l'ensemble de la population, tant sur le plan de la santé publique que sur le plan économique » : partenariats entre tous les acteurs des sciences biologiques (équipes de recherches pharmaceutiques, équipes des firmes de biotechnologie, équipes du monde académique), plan en faveur de l'innovation, spécialement pour favoriser les entreprises de biotechnologies, création de collections biologiques.
Président du pôle éducation et communication de MediMedia France et du Groupe Quotidien Santé, le Dr Gérard Kouchner, qui remettait le prix au nom du « Quotidien du Médecin », son parrain depuis trente ans, à l'unisson avec Claudie Haigneré sur les enjeux scientifiques, thérapeutiques et économiques, ne cachait pas ses inquiétudes sur les malentendus découlant de la politique de déremboursement partiel engagée par le gouvernement : « L'homme de presse que je suis reçoit, expliquait-il, des centaines de lettres de lecteurs qui expriment un souci commun : déremboursez, mais, de grâce ne discréditez pas ! On peut certes évaluer et dérembourser, mais pas discréditer un produit prescrit pendant des années par des milliers de médecins et distribué par des milliers de pharmaciens. De ce point de vue, un vrai travail d'explication s'impose, dans lequel la presse a un rôle essentiel à jouer. »
Le ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, Jean-François Mattei avait chargé son conseiller, le Pr Philippe Thibault, de venir porter sa bonne parole : primauté de l'innovation, importance de l'évaluation, insistait-il, mais aussi nécessité du choix d'un redéploiement pour garantir les financements. A cet égard, il exprimait sa conviction que le déremboursement des produits à SMR insuffisants, ou à tout le moins la baisse de leur taux de remboursement, représentait « la condition pour le maintien de l'excellence du système de santé en France. »
Sauvegarder l'excellence française
Si la diversité des prises de position s'est exprimée à la tribune de l'amphithéâtre Henri-Poincaré du ministère de la Recherche, l'unanimité se faisait autour de la nécessité de sauvegarder cette excellence française : le Dr Kouchner saluait à ce propos les efforts déployés pour préserver la place de la France en recherche clinique par des dirigeants comme Soren Celinder et Yannick Pletan (respectivement P-DG et vice-président médical de Pfizer France), ou Mehdi el-Glaoui et Gérard Poussot (Wyeth France) ; comme l'a assuré Claudie Haigneré dans sa conclusion, « grâce à la qualité et à l'inventivité des chercheurs du secteur public et de l'industrie, grâce aux meilleures conditions de développement de nos jeunes pousses en biotechnologie, grâce à un cadre renouvelé pour favoriser les interactions positives entre tous ces acteurs, grâce à un dialogue plus constructif entre les autorités publiques chargées de la santé et de la recherche, sans oublier les entrepreneurs du secteur pharmaceutique, je suis certaine que cet objectif (d'excellence) pourra être atteint dans les prochaines années ».
L'un des membres du jury du Galien, le Pr François-Bernard Michel, souligna combien les fruits de ces efforts conjugués sont planétaires : « Face à tous les espaces du monde où l'enfance est profanée, on ne peut que se réjouir devant les perspectives qu'ouvrira Prevenar dans des continents comme l'Afrique et l'Asie. »
Le combat du médicament en infectiologie continue : les travaux commencés sur le SRAS, a assuré Yannick Pletan, dégagent d'ores et déjà « quelques pistes dignes d'intérêt ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature