Le désaccord est flagrant : entre les syndicats médicaux majoritaires dans la profession, la CSMF et le SML, et les caisses d'assurance-maladie, rien ne va plus et dix mois de négociations souvent officielles, parfois secrètes, se sont achevés par un constat d'échec qui laisse le sentiment d'un énorme gâchis.
On est bien loin, en tout cas, des congratulations qui avaient accueilli l'accord du 10 janvier signé par la totalité des organisations syndicales représentatives, sauf la FMF. L'accord laissait l'espoir de créer de nouvelles relations entre les partenaires sociaux ; il permettait d'entrevoir et de dessiner les contours d'une réforme avec davantage de responsabilités pour chacun des partenaires et des assurés. L'échec annoncé n'est donc une bonne nouvelle pour personne, sauf pour ceux qui parient sur les résultats positifs d'une éventuelle épreuve de force.
Le pire, peut-être, c'est que cette situation est née de contextes particuliers où chacun des partenaires a été, dans son propre camp, pris au piège de surenchères.
- Les syndicats médicaux ont vu fleurir au fil des mois les coordinations de spécialistes avec leur mot d'ordre de dépassements tarifaires, qui a remporté un vif succès. Ils ne pouvaient baisser la garde devant les caisses, d'où, sans aucun doute, l'insistance avec laquelle ils n'ont cessé d'affirmer qu'ils ne signeraient aucun texte dans lequel ne serait pas inscrit ce principe.
- Les caisses, et notamment la CNAM, enclines au départ à en discuter, ont rapidement durci leur position jusqu'à tout refuser sur ce point, car plusieurs syndicats de salariés et de la mutualité s'opposaient à ces dépassements et à toute nouvelle liberté tarifaire, qui s'ajouterait à celle dont jouissent les médecins du secteur II. Les projets de réforme de la Sécurité sociale, qui circulent ici et là, n'ont pu que renforcer la détermination des caisses qui craignent d'être privées demain de certains de leurs pouvoirs. Elles doivent, aujourd'hui plus que jamais, s'affirmer comme les défenseurs des assurés, qu'elles sont censées représenter. Rôle qu'elles n'ont pas toujours mis en avant avec autant d'insistance.
Ce faisant, le blocage actuel pourrait se traduire par des désordres qui n'arrangeront personne. La CNAM le sait qui ne veut pas rompre définitivement et veut croire que le bon sens finira par l'emporter. Mais peut-elle signer une convention avec le seul syndicat MG-France, qui ne représente en aucune manière les spécialistes ? Ou même avec la FMF, qui n'a cessé de s'opposer à ses projets et que l'on va retrouver demain à la table des négociations ? Une situation totalement surréaliste.
Les syndicats médicaux, la CSMF, le SML et Alliance, veulent aussi renouer le fil au plus vite. D'où leur appel présent au gouvernement. Dans un passé récent, lors de la crise des généralistes, cela leur avait bien servi. Aujourd'hui, la situation est tout autre : l'économie va mal et les comptes ne sont pas bons. Et surtout, le conflit des spécialistes est loin d'être aussi populaire dans l'opinion que celui des généralistes. Reste que le silence de Jean-François Mattei devient assourdissant et que le ministre de la Santé n'aurait rien à gagner à laisser pourrir la situation. Au risque de perdre tout le crédit que lui accorde le monde médical. Avec les conséquences que cela pourrait avoir pour l'ensemble du gouvernement, qui n'a pas besoin d'un nouveau conflit avec les médecins alors qu'il risque d'affronter des contestations beaucoup plus fortes et embarrassantes dans d'autres secteurs.
Gâchis
Publié le 23/03/2003
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Jacques DEGAIN
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7300
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