LES BRONCHO-PNEUMOPATHIES chroniques obstructives (Bpco) représentent la quatrième cause de mortalité en Europe et aux Etats-Unis. Si le tabagisme rend compte de l'immense majorité des cas, il reste un certaine nombre de personnes touchées qui ne fument pas ; et, par ailleurs, tous les fumeurs n'ont pas de Bpco.
En regardant du côté des autres facteurs de risque, des chercheurs se sont intéressés à l'alimentation : quelques éléments épidémiologiques sont en faveur des régimes riches en fruits et en antioxydants, dont il a été montré qu'ils sont associés à une meilleure fonction respiratoire. En cas de Bpco, le Vems décline moins rapidement et les symptômes s'aggravent moins vite.
Des études croisées donnent les mêmes tendances pour une consommation de poisson et d'acides gras oméga 3.
L'étude présentée par Raphaëlle Varraso et coll. s'est appuyée sur un type d'alimentation plutôt que sur des composants.
Les chercheurs ont tiré des arguments des résultats de l'étude Health Professionals Follow-up Study, un travail prospectif de cohorte commencé en 1986 chez des professionnels de santé (51 529 hommes recrutés à l'origine), qui a fait la part entre l'influence de deux modèles alimentaires sur les maladies coronaires. D'une part, un modèle dit « prudent », contenant un taux élevé de fruits, de légumes, de poisson et de céréales complètes, dont on connaît les qualités protectrices. D'autre part, le modèle des pays développés, avec une forte proportion de céréales raffinées, de viande rouge et de charcuterie, de pommes de terre frites et de desserts industriels, régime dont on sait qu'il est athérogène.
Les membres de la cohorte répondent tous les deux ans à un questionnaire dans lequel ils donnent des détails sur leurs habitudes alimentaires et tabagiques, et sur leur état de santé.
La population a été stratifiée en quintiles en fonction du mode alimentaire. On a relié les habitudes alimentaires à la survenue d'une Bpco après des ajustements pour l'âge, le tabagisme, le nombre d'années-paquets, l'origine ethnique ou raciale, les régions des Etats-Unis, l'indice de masse corporelle, l'activité physique.
Entre 1986 et 1998, 111 nouveaux cas de Bpco ont été rapportés dans les autoquestionnaires, parmi 42 917 hommes.
Dans cette population, on trouve que le modèle alimentaire qualifié de « prudent » est inversement corrélé au risque d'apparition de nouveaux cas de Bpco, qui sont réduits de moitié (risque relatif de nouveaux cas diagnostiqués de 0,50 en comparant le quintile 5 et le quintile 1) ; et que l'alimentation caractéristique des pays occidentaux est associée à une multiplication par plus de quatre du risque : le risque relatif de nouveaux cas diagnostiqués est de 4,56 pour le quintile le plus élevé versus le quintile le plus bas.
La variable tabac.
Les auteurs avertissent que la variable confondante « tabagisme » est susceptible d'avoir entaché les résultats d'erreurs, tout au moins partiellement. Même s'ils ont pris la précaution de multiplier les mesures de l'exposition au tabac : tabagisme actuel, nombre d'années-paquets et nombre d'années-paquets mis au carré. Par ailleurs, le tabagisme passif n'a pas été pris en compte, alors qu'il représente un risque de Bpco.
Toutefois, cette étude représente le premier travail d'investigation sur l'effet du mode alimentaire sur le risque de survenue d'une Bpco. Il montre que des modifications au cours du temps de notre alimentation sont susceptibles de contribuer à l'augmentation de la prévalence de la Bpco à laquelle on assiste actuellement, en complément avec le tabagisme.
Thorax, 2007;0:1-6.
L'effet marijuana
La marijuana aggrave les problèmes respiratoires des fumeurs qui ont une Bpco, conclut une étude présentée au dernier congrès de l'American Thoracic Society. Le risque relatif d'une réduction de la fonction respiratoire est multiplié par 2,36 chez les fumeurs comparativement aux non-fumeurs. Si la personne fume en plus de la marijuana, son risque et multiplié par huit (il est multiplié par dix-huit comparativement à quelqu'un qui n'a jamais fumé).
Un grand nombre de personnes qui fument des cigarettes fument aussi de la marijuana, soulignent Wan Tan et coll. (St. Paul's Hospital, Vancouver). Dans leur étude dans laquelle ont été inclus 648 adultes de plus de 18 ans, globalement, 30 % fument à la fois les deux produits. La proportion est plus importante chez les membres les plus jeunes de l'étude, avec 76 % de fumeurs de marijuana. Elle reste fréquente chez les plus âgés, avec une proportion de 58 % de consommateurs simultanés de tabac et de marijuana.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature